mardi 1 avril 2008

Ce que je pense de la FSSPX

Puisqu'on m'accuse de faire de mon Blog un crachoir (sic), au motif que j'ose une allusion à la déclaration d'un membre de la FSSPX, je voudrais m'expliquer ici une bonne fois sur ce que je pense de la FSSPX.
L'Eglise universelle est en train de se réapproprier les richesses de sa Tradition millénaire. Dans les années Soixante dix, un très petit nombre de personnes avaient été capables de réagir contre le grand bradage de la Révolution culturelle post-conciliaire. Mgr Lefebvre fut le seul à organiser un rempart contre la dissolution du christianisme. C'est lui qui a donné le signal de la résistance comme le note d'ailleurs un certain cardinal Ratzinger dans un Discours à Santiago du Chili en juillet 1988 (la date n'est pas innocente). Je ne crois pas qu'il n'en ait jamais eu le monopole cependant.
Mais la Fraternité Saint Pie X qu'il a fondée demeure dans le monde entier un prodigieux instrument pour former les jeunes, pour transmettre la connaissance de ce savoir de la Tradition qui se perd s'il n'est pas transmis. J'ajoute que, aujourd'hui comme hier, si l'instrument est si efficace, c'est parce qu'il n'est pas lié à la hiérarchie catholique officielle, dont on a vu avec quel enthousiasme elle reçoit le motu proprio Summorum pontificum.
La surnature a horreur du vide : lorsque les évêques ne prennent pas au sérieux leur mission de Pasteur, le Saint Esprit suscite une suppléance, ce que Mgr Lefebvre appelait l'Opération Survie de la Tradition. Cette mission de suppléance n'est certainement pas terminée.
Mais il s'agit de comprendre les conditions nouvelles dans lesquelles ici ou là elle doit s'exercer. Je ne veux pas dire que la FSSPX a intérêt à signer d'urgence avec Rome. Signer quoi ? Pour aller où ? Il ne faudrait pas compromettre le rempart par légèreté rallieuse.
Mais ce que je crois, c'est que la FSSPX doit comprendre qu'elle n'est pas toute seule, qu'autour d'elle la situation change, que beaucoup, à la suite de Benoît XVI dont il est impossible de sous estimer l'intelligence, s'engagent dans un combat qui n'est pas moins honorable que le sien. Lorsque l'abbé Anglès refuse l'évolution de la Prière pour les juifs décidée par le pape, au motif qu'il ne faut pas aggraver le désordre, il refuse de prendre en considération ce combat qui existe autour de lui.
Cajétan expliquait que le constitutif formel de l'appartenance à l'Eglise, c'est le fait d'agir comme une partie du tout. il faut que la FSSPX, au lieu de se replier sur son propre combat, sache agir comme une partie dans l'Eglise. Sans se prendre pour le tout.
Sa partition n'est pas la plus facile à jouer. Des décisions importantes devront être prises, qui supposent des réflexions nouvelles, en fonction des textes récemment publiés. Mais cette partie, qui est la sienne, il faut qu'elle la joue. Il faut qu'elle la joue comme une partie, seulement comme une partie, avec toujours un grand respect pour la tête que le Christ a choisie pour son Eglise.
La situation peut changer de nouveau. L'essentiel est de savoir rester dans le présent de l'Eglise, sans se cantonner au passé (la guerre de 70) et sans se projeter trop vite d'une manière ou d'une autre dans l'avenir. Ce défi de la présence à l'Eglise, il nous est jeté, à chacun d'entre nous. Je prie de tout coeur pour que, au bénéfice de tous les chrétiens du monde, la FSSPX sache jouer sa partie aujourd'hui.

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