mardi 10 mars 2009

Le Père Ange de Bellaigue

Il y a un an, le 9 mars 2008, s'éteignait le Père Ange. Un moine dans toute la force et dans toute la beauté de ce terme. Monasticus : un homme seul. Il s'est battu seul contre la maladie qui l'a emporté. Il s'est battu en offrant sa vie, il s'est battu en mettant sa vie en jeu pour ses frères. Le moine est forcément un solitaire, par le silence dont il s'entoure. Mais le moine n'est pas un ermite. Il vit pour ses frères. Ce qui est frappant pour tout visiteur au fin fond de la Combraille, à Bellaigue, ce qui m'a frappé lorsque je suis passé les voir, lorsque je me suis arrêté chez eux, en 2004, c'est la sérénité des moines, dont on sentait qu'ils étaient bien gouvernés. Le Prieur étendait sur chacun d'eux le manteau de sa riche vie intérieure et de la liberté qu'une telle intensité confère. Quel rapport entre frère Matthieu le bulldozer et frère Bernard, l'intellectuel ? La profondeur de la vie intérieur dont le supérieur est toujours le garant ultime. Contre l'illusion. Contre la fausse rigueur. Contre la superficialité.

Le Père Ange a voulu offrir sa vie pour le pape. J'avais eu l'occasion de réaliser un entretien avec lui pour la lettre Pacte. Et j'avais été impressionné par la conscience tranquille qu'avait ce moine de son autorité. Qu'il ait voulu offrir sa vie, lui si jeune encore, la quarantaine juste dépassée, pour le pape, c'est, je crois, parce qu'il savait combien dans le Royaume de Dieu, le petit Royaume du Monastère, le grand Royaume de l'Eglise universelle, l'autorité assumée est une chose grande et salutaire.

Le Père Ange insista, avant de mourir, sur l'essentiel de la vie monastique, qui est l'amour. Amour et autorité ? Quoi qu'en pensent ceux que Bernanos appelait les imbéciles, c'est la même chose. L'exercice serein de l'autorité est un service, comme le Christ l'enseigne explicitement (Lc 22, 24). C'est cet exemple que nous laisse le Père Ange, venu de son Brésil natal, faire vivre en France un foyer ardent de vie monastique, dans le dénuement, dans le froid, dans la joie de la fidélité. Merci à vous, Père Ange et priez pour nous !

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