lundi 20 juillet 2009

Modestie et humilité

Discussion libre à table : "Un tel... il est modeste". Cela pour expliquer bien sûr qu'il ne fera rien de ce que l'on peut attendre de lui. La modestie est-elle une vertu ? Si elle empêche de faire ce que X peut faire... Si elle interdit l'engagement et l'efficacité. Micheline a beau me dire son admiration pour cette modestie... je n'arrive pas à me mettre au diapason...

Et soudain une idée : - La modestie et l'humilité, cela n'a rien à voir...

Il y a ainsi tant de vertus chrétiennes rendues méconnaissables, haïssables... Oui : haïssables, parce qu'on ne les comprend pas et qu'on les caricature en prétendant les représenter. Caricature ou confusion ? On a l'impression que chaque vertu chrétienne a son double : la charité ? C'est la tolérance. La foi ? C'est l'idéal... et l'idéalisme. L'espérance ? C'est l'indulgence du "Tout est bien", si caractéristique, comme le disait Philippe Muray, de la nouvelle morale.

Comment démêler ce sac de noeuds ? Il faut avant tout distinguer un comportement et ses motivations. C'est en tout cas, me semble-t-il, ce qui permet de distinguer l'humilité et la modestie. Deux vertus qui induisent les mêmes comportements pour des raisons différentes.

La modestie, comme son som l'indique, consiste en un culte de la petitesse : small is beautifull.

L'humilité provient de l'oubli de soi.

Mais l'oubli de soi peut avoir des conséquences imprévues. Apparemment effectivement l'oubli de soi peut engendrer la modestie. Mais dans telle circonstance particulière, l'oubli de soi peut aussi déchaîner un individu, qui, ne faisant plus attention à lui-même, parce qu'il s'oublie, donnera tout, toute sa force, toute sa présence et des risques et mille autre choses, parce qu'il aime ce pour quoi il s'engage plus qu'il ne s'aime lui-même.

Dans cette perspective l'oubli de soi peut déboucher, pour la personne qui en est sincèrement imbue, sur une manière d'attirer tous les regards et de capter l'action qui fait penser à l'orgueil, mais qui, en réalité provient de l'humilité.

On ne doit jamais juger d'une vertu sur un comportement, car un même comportement peut avoir des explications très différentes, voire opposées. En revanche une intention donnée peut avoir des manières de se réaliser absolument opposées l'une avec l'autre.

Je crois vraiment que la modestie, au-delà du comportement qu'elle induit, est très souvent une catastrophe, une manière de se mettre à couvert ou de justifier son inertie en cultivant la petitesse, par confort. L'humilité en revanche surprend toujours, car elle peut aussi bien se manifester dans une forme agréable de modestie que se réaliser au contraire dans une extraordinaire affirmation de soi.

Décidément ne nous pressons pas de juger... Les comportements ne renvoient pas forcément à ce que nous aimerions qu'ils renvoient. La modestie ne signifie pas toujours (et loin de là...) l'humilité. L'humilité ne se réalise pas forcément dans la modestie, mais parfois dans son opposé.

2 commentaires:

  1. Monsieur l'abbé,
    je n'ai pas compétence pour juger de toutes ces choses là. Je voudrais juste dire que je rie beaucoup pour tout le monde, parce que je vois bien qu'il y a de la bonne volonté chez chacun, mais aussi de la prudence. Ce sont des ingrédients sains qui peuvent aboutir à la Vérité. Bon je m'exprime mal mais c'est pour apporter mon petit ciment à l'édifice.
    Vous pouvez compter sur mes prières qui ne sont pas partisanes, comme Dieu n'est pas partisan.
    Cécile

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  2. Ce n'est pas très poli de répondre à côté du sujet : pour la modestie, l'humilité c'est dans la vérité. Ca vient de humus, c'est dans la constitution de l'être humain.
    Modeste c'est autre chose, c'est simplement une attitude, ça n'intègre pas l'être humain en entier.

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