mercredi 1 juillet 2009

Réflexion sur le poisson

A l'origine de mon livre sur "Jonas et le désir absent", il y a cette idée simple que le livre de jonas n'est pas un conte théologique comme Pinocchio, avec sa baleine, a pu être un conte fantastique. Non ! Le poisson dans la Bible, c'est toujours le signe de la puissance du Mal, et c'est le schéol, ce mal qui fait de l'homme un être infiniment vulnérable et "prisonnier de la vanité" comme dit saint Paul aux Romains (lecture du 4ème dimanche après la Pentecôte en rite extra). Jonas dans le poisson, c'est Jonas aux enfers, Jonas en état de mort imminente.

Mon ami le Docteur B., dans une longue lettre, s'appuyant sur le Père de Monléon (dont le livre sur Jonas n'est pas le meilleur), me reproche de manquer au sens littéral. Mais c'est l'inverse ! Si le sens littéral est le sens que l'auteur sacré entendait donner à son texte, je crois que le poisson pour lui, c'est Léviathan (Job), c'est Rahab (Psaumes), c'est la Bête sortie de la mer (Apocalypse 13), c'est la puissance du mal et pas un vrai poisson. D'ailleurs dans les premiers versets du chapitre 2, au début de son Cantique, Jonas dit lui-même : "Du ventre du Schéol, j'ai crié vers toi". Il dit donc lui-même de quel ventre il s'agit et à quoi renvoie l'image du poisson. J'ai montré que la plupart des images de ce Cantique pouvait s'interpréter dans ce sens littéralement figuratif.

Mais en en discutant avec un ami, sur la terrasse toujours sympathique du Vaudeville, en face de la Bourse, avec la détente parfaite que procure l'amitié, c'est-à-dire la certitude d'être compris, alliée à... la qualité d'un service littéralement aux petits soins (pub gratuite !)... je me suis laissé suggérer l'idée suivante, qui elle va dans mon sens (littéralement figuratif et non littéralement littéral) mais plus loin encore.

Le poisson que les chrétiens avaient pris comme emblème, à cause des initiales de ichtus, en grec : Isous, Christos, Theou Uios, Sôter, Jésus le Messie, Fils de Dieu Sauveur, pourrait être aussi une allusion à l'histoire de Jonas, signe du Christ descendu aux enfers et ressuscité des morts, dans beaucoup de catacombes romaines.

En quelque sorte le Christ poisson est celui qui transforme le plomb en or, le péché en grâce : "Là où le péché a abondé, il fallait que la grâce surabonde" disait saint Paul aux Romains. Le Christ prenant le signe du poisson désarme Satan, alors même que, se laissant mettre à mort, il semble un moment lui donner raison.

Cette transposition, cette alchimie vitale est tout le secret du christianisme. Le Christ ne nous demande pas tant de faire l'expérience de Dieu (il faudrait être gnostique pour y prétendre infailliblement), que de faire l'expérience de notre propre misère, de notre péché invétéré, pour crier vers Lui, pour que naisse en nous l'espérance d'un salut qui ne vient pas de nous mais qui s'impose à nous, à cause de notre faiblesse. "Je ne suis pas venu pour les justes qui n'ont pas besoin de pénitence". "Si vous ne faites pas pénitence, vous périrez tous", même les irréprochables et d'abord les sépulcres blanchis.

Faire l'expérience de notre misère... ce ne me semble pas très difficile... C'est le début d'une deuxième vie, la vie gracieuse, la vie graciée, la vie grâce au Christ.

1 commentaire:

  1. Cela me fait penser au serpent d'airain.
    Le monstre marin = satan. Le Christ poisson : le signe est subverti.
    Dans le désert, ceux qui avaient été piqués par des serpents contemplaient le serpent d'airain, figure du Christ. Encore un symbole subverti...ou converti.
    Bon, ce n'est là qu'une idée qui m'est venue en vous lisant.

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