jeudi 19 mai 2011

2012 : année politique

Mardi 24 mai 2011 à 20H00: "Liberté, égalité, fraternité?" - Débat entre Frère Thierry et Pascal Hilout - PAF 5€, tarif réduit à 2€ (étudiants, chômeurs, membres du clergé) - suivi d’un verre de l’amitié.

Qui a dit que les Français ne croyaient plus à la politique ? L'histoire de notre Pays est politique, la vie française est politique comme nulle part ailleurs, les familles françaises se construisent sur des traditions spirituelles qui sont avant tout politiques...

Nous sommes à la mi-2011 et la passion politique est en train de nous saisir. La disparition du candidat du FMI, c'est-à-dire du candidat de la Finance et du pouvoir d'achat qui devait l'emporter haut la main, restitue à l'élection qui se profile toute sa saveur politique franco-française, toute sa valeur de compétition.

N'en déplaise à Marianne qui commet le péché de ridicule de faire à nouveau cette semaine sa Une contre... Sarkozy (c'est obsessionnel et à mon avis suicidaire pour le journal), le cadavre du Président bouge encore. Il va vers un regain de popularité... à la Chirac ! Il a tellement tout fait comme Chirac vingt ans après...

Deux petits signes dans le PAF : un livre et un film. Le livre, c'est chez Albin Michel et c'est un essai de Michel Maffesoli intitulé Sarkologies et sous titré Pourquoi tant de haine(s)? Le film est de Xavier Durringer, avec Denis Podalydès dans le rôle du Président et des dialogues signés Patrick Rotman (souvenez-vous : Génération)... Le livre et le film ont en commun de nous introduire à une image très humaine de l'Hyperprésident. Obsédé par le pouvoir ? Sans doute, "et pas seulement le matin en se rasant" selon la formule consacrée. Cynique et connaissant parfaitement les limites de ce pouvoir, dont il joue plutôt que de le mettre en oeuvre ? Très certainement. Mais c'est justement cela qui est terriblement sympathique. Au fond, Nicolas est comme tout le monde. Il a même calculé la date de la naissance de ses jumeaux : en pleine campagne présidentielle ! Le spectacle va commencer !

Platon avait un mot pour désigner cette politique-là, la politique de l'Athènes démocratique, avec laquelle, il faut le dire, il était en délicatesse depuis sa jeunesse : c'est le mot "théâtrocratie". Le film La Conquête est d'abord celui d'un formidable jeu de tous les acteurs : de Guaino à Rachida, quelle crédibilité ! Je ne parle pas de Sarko-Podalydès, éblouissant quand il monte l'escalier en roulant des épaules, derrière un huissier droit comme un i. Mais, dans ce film, si l'acteur est tellement crédible, c'est parce que c'est un comédien (Podalydès) qui joue un acteur (Sarko). La comédie est toujours à la puissance deux, c'est formidable. Les Guignols de l'Info ont compris cela depuis quelques années, souvent imités, jamais égalés : tout cela n'est qu'un jeu. Et il faut jouer du jeu.

Quelle est la question que pose ce grand jeu sous les caméras (jeu dont les joueurs les plus "jeunes", les plus "enfants" dans le film sont les journalistes - ceux qui tiennent les caméras) ?

La grande question est celle de la vérité politique. Il n'y en a pas ? dites vous. Alors ne vous plaignez pas ! Considérez que la politique, c'est comme le cirque, plus l'acrobate prend des risques, plus il est applaudi ! Et applaudissez avec les autres : vous devez bien ça aux casse-cou qui vous amusent.

Si vous répugnez à donner vos applaudissements à la théâtrocratie ambiante, il reste à réfléchir : que faire ? Le spectacle politique banalise tous les enjeux réels. Il en fait de purs impératifs stratégiques. Les questions qui se posent aujourd'hui sont pourtant cruciales : identité des Pays occidentaux littéralement bouffés par ce qu'ils bouffent, auto-détruits par le consumérisme ambiant, crise tragique du système éducatif, qui ne fournit plus d'anticorps pour résister à la dislocation ambiante, rôle de la France dans le monde et mondialisation (sommes nous une province de l'empire ?), culture de mort toujours plus tyrannique et devenue quasi-obligatoire, montée de l'UOIF dans la France des mosquées etc.

La vérité politique est de plus en plus criante: tout le monde a fini par en prendre acte. Reste à entrer efficacement en résistance, dans les familles, reste à éviter le réflexe communautariste en gardant le souci du bien commun (faire des études pour servir et pas se servir, se présenter aux élections, mais aussi et d'abord : s'intéresser, s'informer, réfléchir).

Mais surtout ne pas se perdre dans une synthèse de synthèse "un peu plus centre droit", sacrifiant les yeux fermés à la Correctness ambiante. Essayer, chacun dans son domaine de compétence, avec adresse et courage, de dire la vérité. Une seule goutte de vérité peut changer le monde disait Soljenitsyne, qui a dit la vérité sur le goulag. Et si chacun était capable d'une manière ou d'une autre, en parole ou en actes de dire sa vérité à la théatrocratie ambiante ?

La question la plus pressante me semble être celle de la formation des élites.

Louis XVI a perdu la partie parce qu'il n'était pas formé. Face aux philosophes de son Royaume, rois de la rhétorique et princes des idées, lui, sa formation était purement scientifique et technique. Il se passionnait pour la serrurerie et pour le voyage scientifique de la Belle Poule autour du monde... Il ne comprenait pas la logique du Contrat social, qu'il a d'ailleurs adoptée sans examen jusque dans son Testament. Sans le savoir, sans le vouloir il sciait la branche...

Eh bien ! Je crois que nos élites sont des technocrates qui ne connaissent que la technique de leur "job" (pour un président, pour un homme politique : juste l'art de se faire élire ; pour un conseiller, les secrets bien gardés de l'économie financière) et qui pour le reste n'ont lu que... Zadig et Voltaire, selon le bon mot involontaire de Frédéric Lefebvre. Jusque aux années 60 (en France, symptôme, jusque aux lois Edgar Faure sur le latin), l'humanisme était une culture. Aujourd'hui c'est juste un alibi. Ce qui manque le plus ? L'esprit...

La foi elle-même meurt de n'être plus une Pensée de tout l'homme, coeur et esprit. Elle meurt de se rationnaliser, de se spécialiser, de devenir au mieux juste une petite case dans le mental de l'homme du XXIème siècle, petite case que l'on peut d'ailleur zapper sans dommage. S'intéresser à la politique, c'est d'abord retrouver cet esprit commun, qui a fait la force de l'Occident, cet esprit dont le christianisme est la matrice incontournable, que l'on appelait la culture. Nous mourons d'individualisme à outrance ? Nous mourons de n'avoir plus cet "esprit commun", l'esprit chrétien qui a fait... la laïcité !

Aujourd'hui, première victime de la déculturation, la laïcité ne se pense plus que de manière négative : Signes ostensibles, point ne montrera de coeur ni de consentement ! Si la laïcité veut vraiment être "positive", qu'elle retrouve le secret de la culture occidentale et qu'elle n'hésite pas à le chercher... jusque dans le christianisme. Pour 2012, année politique, nous proposons, au Centre saint Paul, un dialogue entre chrétiens et laïcs. Nous avions samedi dernier une après-midi très riche sur ce sujet. Nous aurons mardi prochain un débat sur liberté, égalité, fraternité, entre Frère Thierry et Pascal Hilout. Et le mardi suivant, nous attendons pour la fin du mois de Mai une belle présentation de Jeanne d'Arc, héroïne nationale, par Françoise Roche. Toutes les idées dans ce registre sont les bienvenues.

8 commentaires:

  1. "les familles françaises se construisent sur des traditions spirituelles qui sont avant tout politiques..."
    Et si c'était l'inverse ?
    C'est juste une question !

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  2. La Belle Poule, c'est le retour des cendres. La Pérouse, c'était l'Astrolabe et le Boussole...

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  3. Le débat est toujours un enrichissement mais je préférerais ne pas voir le centre St Paul se changé en courroie de transmission des thèses de Ripostes Laïques. Le nécessaire dialogue entre des visions du monde divergentes ne doit en aucun cas être prétexte à une instrumentalisation des catholiques dans des combats qui ne sont pas les leurs.
    http://www.egaliteetreconciliation.fr/Apero-de-la-goutte-d-or-allez-vous-boire-un-verre-avec-nos-amis-juifs-integristes-franc-macons-et-3457.html

    http://egaliteetreconciliationrhonealpes.com/2011/03/05/lettre-ouverte-a-christine-tasin/

    http://fr.altermedia.info/general/instrumentalisation-sioniste-du-refus-de-l%E2%80%99islamisme_32620.html

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  4. Oui, et les Belles Poules, c'était Louis XV... et Louis XVI a aussi payé cela ? Sans doute...

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  5. Merci, Monsieur l'abbé, pour ce nouveau beau "papîer" mais ce que vous appelez "toute la saveur politique franco-française" (de la future compétîtion électorale présidentielle) n'est-elle pas sévèrement obérée par la honteuse complîcité des politiciens (comme l'a si bien soulîgné dernièrement ici, Patricia) débusquée pour une fois au grand jour, à l'occasion de la pîtoyable affaîre Strauss-Kahn, ce dernier à présent inculpé et toujours - bien sûr - présumé innocent?

    Pas de "petît coup de fîl" possîble, à la police de New York, ni de "grosse pression" envisageable sur les sourcilleux jûges américains, cette fois: juste les faîts encore que j'aie entendu l'innénarrable Madame Christîne Boutin, venîr explîquer que la Justîce d'Oûtre-Atlantique étant fondée sur l'argent, Monsieur Strauss-Kahn, tout présumé innocent qu'il est, devraît peut-être se plier à une transaction, dans laquelle il se reconnaîtraît coupable, "pour évîter une catastrophe, au procès", suîte au "piège" dans lequel elle avait déjà déclaré être convaincue qu'il était "tombé" (je tiens les références des deux émissions de radio, à disposîtion).
    La présumée victîme seraît donc une présumée maître-chanteuse, pour Madame Boutin.

    Drôle de raîsonnement filandreux, pour une dame, qui prétend représenter les catholîques, non? A l'appui de sa "démonstration", elle a même prétendu que la caution fort élevée que la famîlle de Monsieur Strauss-Kahn a du verser (plus une garantie de cinq fois le montant de la caution, ce qui fait un total de six millions de dollars) en disaît long sur la Justîce américaîne et le gros argent.

    Encore "raté" et "mentî" par ignorance, je n'en doute pas Madame Boutin: les cautions et autres garanties réclamées aux présumés innocents, sont fonction de leur état de fortune et de leurs revenus, souvent égales à zéro.

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  6. Louis 16 était formé par ..Fénelon
    Servir, oui, mais pas la "Secte qui n'existe pas" (même pas pour l'AB2T)
    Y'a plus assez de monde pour faire..du communautarisme
    Dire la vérité? et terminer psychiatrisé, harcelé, en taule??? Il faudrait un " parti de la vérité" non pas politique, non pas philosophique, mais théologal...Ceux qui devaient l'assurer ont déserté (ils font mumuse à l'instance critique" et à la culture..même "de mort" ... Il fallait être SS (Santo Subito) pour inventer ce verbiage à la Orwell
    alors ceux qui disent la "vérité depuis une vingtaine d'années sont morts, suicidés, enfermés, prozacisés etc...( et personne des "résistants auto-proclamés" sur les ondes de Rade Courte ou sur le papier ...ne s'est aperçu qu'il y avait des gens de terrain qui ...eux...résistaient vraiment .. (1)

    2012 EST -si Dieu nous prête vie - UNE ANNEE...HISTORIQUE (pas hystérique, si possible!) : fin du calendrier maya, 600ème anniversaire de la naissance de Jeanne d'Arc, année St Joseph( demandée par les "croisés du Sacré Coeur à Benoit 16) élection US, ... et accessoirement élection du gauleiter de la province improbable encore nommée "France" (2) par les rigolos...

    Inf' l'Ec' (infamons les Ecraseurs) Terrevole


    (1) significatif :SOS Education vient de lancer un "Observatoire des profs en souffrance"...vingt ans après que la guerre ait commencé !
    Certains n'ont vraiment pas pris la mesure de la puissance néo-totalitaire qui nous écrase !!!
    (2) elle n'est plus libre, a délégué tous ses pouvoirs régaliens, n'a même plus le "franc"(et crève de l'euro, ...et subventionne l'importation de non français( rien à voir avec la "camp des Saints"..C'est bien pire puisque sont payés les "invités"... Attila doit se pâmer de jalousie dans sa tombe )

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  7. +faire des études pour servir et pas se servir+?

    OK! quand on fait des études de médecine, ou quand on entre au séminaire. Et les autres? Le gestionnaire sert... les intérêts du capital qui l'emploie. L'avocat sert... la cause de ses clients. Il faut bien que ce soit quelqu'un, alors pourquoi pas lui?

    Je lis qu'aux USA, une majorité des docteurs en maths sont employés par la finance. On est loin de l'idée de 'servir'. Mais au fond, que pourraient-ils faire d'autres?

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  8. Il me semble qu'en politique comme dans d'autres domaines, quel que soit l'échelon, on en s'en sortira pas si on ne se défait pas de certaines habitudes mentales que nous avons prises. En particulier je souhaiterais que l'on prenne en compte les autres -d'une part- et la vérité -d'autre part.

    Les autres: Cesser de croire qu'il y a d'une part ceux qui savent et d'autre part ceux qui ne savent pas. Cesser aussi de faire l'impasse sur l'opposition. Cesser de disqualifier ceux qui pensent ou disent différemment. Examiner ce qu'ils disent en fonction de ce qu'ils disent, non en fonction de qui ils sont.

    La vérité: Se poser la question: "est-ce vrai"? Ne pas s'enfermer dans des récits fantasmagoriques. Confronter ses représentations à la réalité. Ne pas se laisser emporter par sa rhétorique. Ne pas prendre une posture (chez soi ni chez les autres) pour une position. Ne pas s'interdire de penser.

    Sinon, c'est très très mal parti pour avancer sur les questions sociales, nationales, et environnementales. Or c'est là-dessus que ça se joue, dans les années qui viennent.

    Et puis il faut aussi travailler sur la responsabilité personnelle.

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