mercredi 29 juin 2011

Actualité du Péché originel

Le Père Michel Viot a été étourdissant hier, à la fois subtil et puissant ce qui n'est pas donné à tout le monde. Et il a lancé le même mot de la fin que lors de l'entretien que j'ai réalisé avec lui pour Monde et Vie : le problème, c'est l'oubli du Péché originel. Il boucle la boucle en quelque sorte ce disant et confirme ses engagements "de Luther à Benoît XVI", en passant par... la franc-maçonnerie régulière.

Son combat actuel ? Depuis le Vrai et le Faux (2008), mais sans doute déjà depuis Chrétiens sans religion (1975), il s'oppose au curieux amalgame qui se réalise sous nos yeux entre la foi chrétienne et l'esprit des Lumières. On peut dire que cette opposition l'a mené jusqu'au catholicisme puisque le protestantisme se caractérise, dit-il, par son absence de défense immunitaire et par sa porosité aux Lumières. Au protestantisme il manque cette institution historiquement sublime qu'est la papauté.

Mais que nous font les Lumières ?

Il faudrait plusieurs posts pour répondre à cette question. Hier, le Père Viot a parlé surtout de cet optimisme béat du "tout est bien quoi qu'on fasse" qui caractérise le "progressisme enluminé" (l'expression est de bibi).

Il est clair que l'on ne peut pas être chrétien si l'on n'a pas compris ce que saint Ignace appelait la "gravité du péché", non pas forcément la gravité de tous nos péchés actuels, mais la gravité ou la terible déclivité de cette pente sur laquelle il vaut mieux ne pas se laisser aller et qui nous mène, croyant faire l'ange (ou le saut de l'ange) à faire la bête...

Moi qui suis dans les jansénistes jusqu'au cou, je me retrouve en sympathie augustinienne avec l'ancien Inspecteur luthérien qu'est Michel Viot. Oui, il faut reparler du Péché originel. Pas de façon caricaturale. Mais de manière profonde et qui nous fasse comprendre ce que Terence Malik dans The tree of life appelle les deux voies, celle de la nature, égoïste et violente, celle de la grâce, légère et enivrante.

Dans la voie de la nature la légèreté est "insoutenable" comme aurait dit Kundera. Dans la voie de la grâce, elle est seule désirable.

3 commentaires:

  1. La gravité du péché? Mais si nous pouvions la mesurer, si nous pouvions la connaître, nous n'aurions plus la force de continuer! C'est pourquoi dieu, dans son infinie bonté, Dieu qui nous veut faire subsister, aménage à notre misère la "déclivité", favorisée par le temps qui tout décante, de ne pas tomber de trop haut dans notre estime en nous permettant, quoi qu'il arrive, et je crains de dire quoi qu'il en coûte à dieu, de "vivre sans gravité", la gravité de nos péchés actuels relevant plutôt de la gravitation qui, si ne nous soutenait l'amour de dieu, nous ferait tomber dans l'abîme et emporter le monde dans notre chute! Dieu a tant Aimé le monde qu'Il Lui a envoyé, en soutien, Celui qui a fondé le monde, non seulement pour supporter le monde, mais pour Lui servir de levier; car la Miséricorde de dieu ne veut pas confondre le monde, mais soulever le monde jusqu'au Père d'Où est descendu Celui Qui est venu "supporter le monde" après que nous avons déclaré forfait, trouvant trop lourd de le porter. Dieu nous a encore envoyé, pour "vivre sans gravité", une atmosphère qui nous préserve de ressentir jusqu'où nos péchés sont graves, nous entraînent et entraînent le monde, le font basculer dans le vide! Cette atmosphère qui permet que nous respirions, c'est la même qui "planait sur les eaux" pendant la Création du monde. De soi, la force de gravitation du péché, bien que tempérée par cette atmosphère, aurait tendance à nous entraîner à descendre tout doucement, une "déclivité" restant une "déclivité" et continuant de faire tomber du côté où elle penche. Il nous reste à tenir la main de celui qui veut nous faire "remonter la pente". Si nous escaladons, en "rappel", derrière Lui encordés, il nous ramènera au sommet de la montagne où Il nous dira:
    "Bienheureux, coeur brisé, toi qui as su dans ta force de pauvre brute qu'il ne fallait pas lâcher ma main, toi qui, non sans m'avoir résisté, n'as jamais cessé de prier!"
    Mais celui qui ne veut pas de cette Main tendue et lui préfère les ombres de la nuit qui le guide jusqu'aux caveaux-cratères et aux cavernes de la pensée, que lui arrivera-t-il, mon dieu! "ô Seigneur-verbe, Jésus-christ, Toi qui te tiens au somet de la montagne, aie pitié du sort de cet homme!
    Je me confie pour lui en toi, mon sauveur, et l'inquiétude que j'ai pour mon compagnon d'infortune, et l'angoisse qui me tient inquiet à mon propre sujet, me devient légère, en Celui Qui me laisse respirer, et prie même à ma place quand ma volonté s'épuise à endurer le poids du jour! Mais si je laisse se briser mon coeur au sommet de la montagne comme les tables de la loi, le baume bienfaisant des "eaux d'en Haut" tombera sur lui en une pluie qui transformera la pierre que j'aurai brisée en la chair blessée d'un coeur léger, transporté par la Grâce d'un tel élan que je voudrais n'en jamais revenir, ne plus jamais tomber!

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  2. cela met l'eau à la bouche! mais le "sens du péché"était déjà perdu sous Pie XII( lui-même dixit). Qui nous le rendra ?
    dans un monde de "mémoire" l'oubli fondamental règne, pire que celui de l'être" selon Haï-de-guerre.
    Mais n'est-ce pas justement parce que depuis les successeurs de l'Aufklärung allemande( peut-être à nuancer des Lumières "à la framçaise"?), on a intégré le néant à l'Etre ( dialectique hégélienne qui donnera Marx d'un côté et les rebelles à Hegel :Stirner et Kierkegaard de l'autre) )et le mal à l'être (Schelling)...sans oublier leur camarade de chambrée Hölderlin
    Peut-être parce que le sens du néant nous échappe...
    En même temps que nos Tyrans,( tous issus de l'idéologie, matinée de maçonnisme, des Lumières nous réduisent à néant au nom d'un universel singé du " catholicisme"..pendant que celui-ci laisse sa Singularité Absolue( Dieu, le Bien Commun ultime et transcendant, l'Etre qui dit "Je Suis...", l'Esprit qui S'incarne, la Vie qui vient mourir, la Vérité qui se laisser mensonger, le Chemin qui se laisse parcourir par des errants fous et malades, la Porte ouverte qui se laisse enfoncer, la Vigne qui se laisse saccager... ....) de côté pour s'occuper d'"accueillr" les "valeurs" (QUEZACO?) ex-chrétiennes portées par toutes les Révolutions !!! Laissant dans l'ambiguité et l'illisibilité les combattants de la guerre spirituelle...bras ballants, bouches bées, mains inutiles et pensée flasque ...

    Pednant ce temps , notre mort historique s'vaance à rgands aps sous al férule des anglo saxons héritiers des "tortionnaires de l'Europe" que furent Luther et Calvin (ultérieurement tortionnaires des indiens, de sudistes etc etc ), des banquiers cosmopolites, des tenants de l'ordre mondial de la République universelle et de la gouvernance globale... où l'on retrouve les penseurs talmudistes de gauche, les(ex-)communistes... tous ceux qui ont commis des crimes effrayants... crimes qui ne servent jamais de base à aucune métaphysique du mal car ils n'ont pas le droit aux honneurs de la Grosse Presse Matraqueuse...

    Faudra--il que nous disparaissions de la surface de la terre( spirituellement, démographiquement, culturellement, politiquement etc ) pour nous (???qui ???grand Dieu ..) poser enfin la question du mal?


    Ma maman est morte en murmurant "ç'est pas grave, c'est pas grave"..Paroles tragiques, voire catastrophiques...
    Je peux, depuis m'affronter au monstre de l'inceste, interdit de parole et d'existence tant que le "pas grave" régnait ...

    Comme je l'écrivis naguère à "monsieur le pape" lors de son passage à Paris, il ne suffira pas de rebadigeonner de "continuité" les ruptures majeures accomplies au "concile" (1) ...Il faudra dénoncer le "Vatican 3 de fait" qui a eu lieu au nom de vatican 2 ...Et ce ne sera pas de la tarte !!! l'adultère oécuméniste, la lâcheté pacifiste, le prurit du dialogue etc continuent à qui mieux mieux ...
    La nouvelle pentecôte continue de couper toutes les langues et à éteindre tous les feux . l'Inversion règne , pas seulement à la ..Pride !
    Et toute fierté a disparu ...
    Repentance de la repentance s'impose !!!

    (1) de même qu'on badigeonne de positif tout négatif au nom du positiver du Carrefour global !

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  3. Les réflexions d'a.s sont toujours d'une grande profondeur et nous entraînent sur des sentiers aussi dispersés que les miens. Tant de phrases seraient à méditer et frappent là où ça fait mal.

    Pour ma part, je voudrais, après ma remarque théologicopoétique, faire une remarque de "théologie politique" (ou culturelle, ce qui est tout un):

    Puisque tout est confusion, le parcours du P. Michel Viot ne m'a jamais, étrangement, dans le récit qu'en fait son auteur, paru marqué par de grandes ruptures de pensée. Vous nous expliquez, Monsieur l'abbé, que ce qui fait l'unité de la pensée de Michel Viot, c'est sa contestation des lumière. Alors que diable allait-il faire dans la galère de la franc-maçonnerie puisque, d'après une opinion courante bien implantée, et pas seulement dans le coeur des catholiques de droite, c'est la franc-maçonnerie qui aurait propagé les lumières? Maintenant, est-ce que la papauté protège l'eglise catholique de l'influence des lumières? Non, preuve à l'appui: le bilan très nuancé qu'en fait le pape Jean-Paul II dans son ouvrage "Mémoire et identité". De quoi est protégée l'eglise catholique à l'exception des mystiques? Jusqu'au tragique, A.s., je vous en donne acte, du sentiment de gravité; ou, si vous préférez, du pessimisme existentiel. Même pessimiste, le catholique bien implanté dans la matrice culturelle de son eglise est généralement, sinon heureux, du moins un bon vivant, un joyeux compagnon, qui cache bien le jeu de ses tourments intimes et morbides. Mais surtout, je tiens, pour l'honneur de la vérité, à rétablir ceci: c'est que le luthéranisme observant est préservé de l'oubli du péché originel. Toute la pensée de Luther, augustinien n'ayant pas dévié sur l'essentiel, s'articule autour du péché originel. Que cet oubli se dissolve dans la confusion du temps parce que le luthéranisme de stricte observance est devenu minoritaire, c'est un effet du "zaping" ambiant, en lequel s'achève peut-être l'incarnation du modernisme. C'est en y réfléchissant sous l'effet de ce même "zaping" que la papauté en est peut-être venue, contre elle-même, à rendre, bien qu'avec nuances, hommage aux lumières!

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