lundi 18 juin 2012

"L'esprit de contradiction" - Ernest Hello

Au sujet des disputes qui se lèvent dans la FSSPX: un prêtre me signale ce texte d’Ernest Hello, qu’il juge actualité. Et de fait…

Depuis que je suis au monde je vois les hommes se disputer, et vous aussi, sans doute.Le fait universel, c’est une universelle contradiction. J’ai vu la contradiction et l’injustice dans la cité, dit l’Écriture. Le rapprochement de ces deux mots contient un enseignement profond. L’injustice est fille de la contradiction.La division couvre la terre. Ce ne sont pas les ennemis qui sont le plus profondément divisés, ce sont les amis. Là où l’union semble exister, la division existe, plus radicale et plus intime. Je ne m’étends pas sur ce fait. Je le constate sans le discuter. L’état intellectuel du genre humain est le chef-d’œuvre de la division. Est-ce à dire que personne ne s’entende avec personne sur aucun sujet? Non, il n’en est pas ainsi. Les hommes, si je les regarde en eux-mêmes, au fond de leur âme, ne sont pas aussi profondément divisée que dans leur vie extérieure et dans leurs discours. Si je pouvais les regarder au fond d’eux-mêmes, solitaires et recueillis, je ne les trouverais pas aussi éloignés les uns des autres, aussi séparés, aussi divisés qu’ils y apparaissent quand je les considère dans la mêlée de la vie. Pourquoi se font-ils plus ennemis qu’ils ne le sont réellement? Ils sont faits pour l’union, et la division est leur malheur. Pourquoi augmentent-ils leur malheur, qui est d’être divisés?

La question est d’une importance énorme, d’une importance universelle : c’est qu’il y a dans le monde un monstre qui s’appelle l’Esprit de contradiction. Si je considère toutes les personnes ou toutes les choses de ce monde, je peux les considérer sous plusieurs faces, et vous aussi. Paul voit une chose d’un certain côté; il 1a voit blanche. Pierre voit la même chose d’un autre côté; il la voit noire, tous deux ont raison, tous deux ont tort, car la chose est blanche d’un côté et noire de l’autre.

Elle est blanche! s’écrie Paul. Elle est noire! s’écrie Pierre. Et voilà deux ennemis. Paul et Pierre, au lieu de s’entraider et de compléter le regard de l’un par le regard de 1’autre, s’acharnent l’un et l’autre à nier ce qu’il ne voit pas lui-même. C’est l’esprit de contradiction qui ferme les yeux et qui aigrit le cœur, qui aveugle et sépare les âmes. Plus Paul voit la chose blanche, plus Pierre la voit noire. Pierre la voit horriblement noire, parce que Paul l’a vue excessivement blanche. Leurs regards, au lieu de se prêter secours, s’irritent les uns contre les autres. C’étaient deux hommes intelligents, faits pour s’entendre. Ce sont maintenant deux ennemis, stupidement entêtés, stupidement aveuglés, parce que le serpent de la contradiction a levé sa tète entre eux deux. La chose est si simple que sa simplicité dissimule son importance. Pour que Pierre puisse montrer utilement à Paul la face noire qu’il voit, il faut d’abord qu’il voie aussi parfaitement que Paul la face blanche que Paul a vue et qu’il le lui dise. S’il ne le lui dit pas, chacun se cantonnera irrémédiablement dans son point de vue séparé. C’est pourquoi la bonté du cœur aurait un rôle immense dans la réconciliation des esprits. Si vous vous irritez contre votre ennemi, qui est peut-être votre ami, vous ne le convaincrez jamais. N’oublions jamais les leçons profondes contenues dans la langue humaine, dans la science des mots Haïr, en latin, se dit Invidere « In, videre » : ne pas voir.

Il n’y a peut-être pas une seule vérité dont l’application soit plus universelle que cette vérité si simple : Si vous voulez montrer à un homme ce qu’il ne voit pas, commencez par voir ce qu’il voit, et dites-le lui. Pourtant le contraire arrive. On commence par se dire non, les uns aux autres, et on arrive à cette confusion épouvantable des intelligences. Le mal que je constate est un mal effroyable et universel duquel souffre horriblement l’humanité tout entière. Pierre s’imagine que s’il accordait à Paul tout ce qu’il peut lui accorder sans mentir, Paul profiterait contre lui de cet aveu. C’est le contraire absolu de la vérité. Paul verra ce que voit Pierre, quand Pierre aura vu ce que voit Paul et l’aura proclamé.

J’étais encore enfant quand l’occasion me fut donnée de me tromper beaucoup, parce que j’étais beaucoup contredit. Et, depuis ce temps, j’ai vu que l’esprit de contradiction était Satan lui-même, père de tous les mensonges. Le P. Faber, oratorien, dit que jamais on ne convaincra un homme si on ne lui prouve d’abord qu’on a parfaitement saisi toutes ses objections, et si on n’est entré profondément dans l’intelligence de son état. Rien n’est plus vrai. Le P. Faber dit encore qu’il y a une chose sur la terre qui ne peut jamais, en aucun cas, faire de bien. Cette chose unique, c’est l’ironie. Vous avez un antagoniste moquez-vous de son point de vue. Jamais il n’entrera dans le vôtre. Jamais. Voilà un homme à qui vous fermez les sources de la vie. Le P. Faber dit encore que si tout à coup un homme regardait avec amitié les autres hommes, et envisageait leur conduite avec l’interprétation favorable, cet homme changerait d’existence aussi complètement que s’il était tout à coup transporté dans une nouvelle planète. Cet homme aurait tout à coup une puissance de persuasion qui étonnerait lui-même et les autres, parce qu’il aurait l’esprit contraire à l’esprit de contradiction. L’esprit de contradiction peut être un instinct. Il peut aussi être un système. Dans les deux cas, il donne la mort.

Vous parlez à un jeune homme qu’une générosité mal dirigée va entraîner dans de grands périls. Choquez cette générosité, heurtez-la, traitez-la légèrement. Il n’écoutera plus rien; vous aurez perdu sa confiance, il vous traitera désormais en ennemi, et peut-être ira se perdre loin de vous. Comme vous avez paru mépriser son point de vue, il méprisera le vôtre. Vous aviez besoin de sa confiance; il avait besoin de votre expérience. L’esprit de contradiction vous a perdus tous deux. Si vous l’aviez écouté avec bonté, il vous eût écouté avec reconnaissance. Vous auriez profité de sa jeunesse; lui, de votre sagesse. Car chacun a besoin de tous, et il suffirait peut-être, pour obtenir des secours énormes, de vouloir bien en donner. Dans l’éducation, dans la discussion, dans la science, dans la critique, dans la vie publique, dans la vie privée, partout, partout, se remarque la même loi. La terre est couverte de ruines, et c’est l’esprit de contradiction qui les a faites. C’est l’esprit de contradiction qui arme le fils contre le père, l’ami contre l’ami. Sainte Madeleine de Pazzi avait adopté ceci pour règle de vie : Ne jamais rien refuser à personne, quand l’impossibilité d’accorder n’est pas une impossibilité absolue. Voilà l’esprit opposé à l’esprit de contradiction. L’expérience des siècles apprend que l’homme a besoin de consolation d’abord, d’enseignement ensuite.

Et il n’entend l’enseignement que quand il a reçu la consolation. L’esprit de contradiction viole cette Loi. Il veut parler d’abord de la chose irritante : il met en avant d’abord l’obstacle. II débute par le reproche. Il irrite, avant d’apaiser. C’est pourquoi son enseignement est stérile et fatal, eut-il cent fois raison. L’autre esprit, l’esprit de lumière, enseigne et console. Et comme c’est la consolation qui a ouvert la pore, l’enseignement passe. Il passe, il entre; il est accepté. Ce n’est pas la discussion qui est le principe de l’activité humaine, c’est la charité. Commencez par la discussion, tout sera stérile. Commencez par la charité, tout sera fécond. Il faut faire l’unité, avant d’aborder les détails, afin de ramener ensuite les détails dans l’unité faite, qui les attend. Tout ce qui commence par l’accord finira par l’accord. Tout ce qui commence par la division finira par la division.

L’esprit de contradiction crée un immense malentendu, qui va s’aggravant de jour en jour par l’effet qu’il produit. La division, livrée à elle-même, avait mille chances d’être guérie. Mais l’esprit de contradiction a tout envenimé, et, au bout d’un certain temps, le sujet même sur lequel il porte est oublié. L’esprit de contradiction subsiste, quand les légères et insignifiantes occasions autour desquelles il s’est produit, ne subsistent plus. L’esprit de contradiction est dans l’âme, et donne un certain ton à celui qui parle. Si le ton est si important dans la parole, c’est que le ton c’est l’esprit. Le ton est plus important que la parole. Satan signifie l’adversaire. Supposez que l’hypothèse du P. Faber se réalise. Supposez que les hommes adoptent aujourd’hui, pour principe d’activité, la bienveillance. Demain, en effet, nous habiterons une autre planète. Mais, direz-vous, les dissentiments intellectuels subsisteront. Je ne dis pas qu’ils disparaîtront tous. Mais nous serons stupéfaits, si nous voyons un jour dans quelles proportions ils seront réduits.

Si l’immense malentendu créé par l’esprit de contradiction allait disparaître, nous serions stupéfaits de voir dans quelle mesure l’union des intelligences suivrait l’union des cœurs. Aimer, c’est deviner ; haïr, c’est ne pas voir.

10 commentaires:

  1. Ernest Hello voit juste, mais peut-être pas assez loin:

    Le fond de l'esprit de contradiction, le résultat où il veut aboutir en le sachant, c'est à monter une cabale; et en effet, ce qui s'oppose à l'esprit de cabale, c'est la bienveillance. La bienveillance est un fruit de l'Esprit, les cabales par lesquelles les hommes de Dieu se divisent en Eglises autocéphales, sont des passions de la chair, cette passion de fermenter les haines au lieu de distiller la charité.

    L'ironie est vexatoire, et on vexe bien plus facilement qu'on ne pense. Ce n'est pas en vain si dieu maudit les railleurs.

    La polémique serait l'apanage le plus revigorant de l'esprit français. Ce texte d'ernest Hello, perspicace père spirituel de Léon bloy, ce grand polémiste devant l'Eternel, a l'air de dire que nous faisons erreur en prisant si fort ce "ton (qui) est la parole" sous prétexte de ce "style" qui serait "l'homme">.

    Ernest Hello fait encore bien de distinguer l'"esprit de contradiction" de "l'instinct de contradiction". si le premier n'a pour but que la cabale à venir, le second, qui fait que "les hommes commencent par se dire non", peut avoir deux sources:

    1. Nous sommes mal assurés en nous-mêmes et nous voulons avoir raison pour totaliser de notre vue subjective la part la plus visible de la vérité objective. Ceci est plus timidité qu'orgueuil, car on aurait tort de juger un instinct.

    2. Nous disons "non" pour mettre à l'épreuve celui qui affirme. Ou bien il saura tenir jusqu'au bout notre contradiction et il emportera notre adhésion, ou bien il trouvera que nous le poussons à bout, et nous estimerons de la faiblesse de ses arguments par la faiblesse de son caractère. Mais le but que poursuivait ici notre "instinct de contradiction" était opposé à celui de "l'esprit de contradiction": le premier cherchait la bagarre, le second était avide d'une vérité qui puisse être prouvée par le choc des arguments.

    Mais il est ô combien vrai qu'on ne peut entrer dans le coeur de personne sans lui avoir fait sentir que ses sentiments partent d'un fond de justesse ou, mieux, ne sont pas faux. Il faut trouver un terrain d'entente; et ce terrain d'entente, c'est de reconnaître a priori que les raisons de l'autre ne sont pas d'un esprit tordu, même s'il peut y avoir une blessure dans l'entendement du raisonneur, sur laquelle il ne faut pas trop tôt mettre le doigt, sous peine de lui faire si mal (l'anesthésie psychologique n'existant pas) qu'il fera bientôt tout pour éviter notre contact douloureux.

    L'attitude scolastique qui consiste à prévenir les objections est plutôt le fait d'esprits pénétrants, qui veulent avoir tout vu avant qu'on les ait contredits, que d'esprits sympathisants ou portés à l'empathie, qui reçoivent la piqûre de l'objection de l'intérieur, en un doute qui vient darder la surface de leur foi, pour les faire penser contre eux-mêmes, leurs préjugés, leurs certitudes bien mal acquises et leur opinion. L'orthodoxie est plus qu'une opinion droite, elle est une croyance vraie, puisée dans un Lien avec ce dieu Attachant Qui détache de ce monde, lien qu'on ne peut dénouer sans se déchirer soi-même.

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  2. Ernest Hello a écrit aussi: "C'est à votre haine de l'erreur qu'on verra votre amour de la vérité". La bienveillance s'applique aux hommes de bonne volonté, pas aux hérésiarques pertinaces dûment avertis. Pourquoi? Parce que la foi de millions d'âmes est en jeu.
    C'est pourquoi l'Eglise a préféré se séparer des orientaux hérétiques ou schismatiques, et a préféré condamner Luther et ses protestants hérétiques pour préserver la pureté de la Vérité dans l'Eglise catholique, sans laquelle il ne peut y avoir de salut.
    Relisez le livre de Don Sarda y Salvany "Le libéralisme est un péché", approuvé par un bref apostolique de Léon XIII.

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    1. Beaux buchers en perspectives !... Doit-on, en vous lisant, comprendre que l'on passe brutalement de la Lumière aux Ténèbres absolues en quittant, volontairement ou pas, le sein de l'Eglise Catholique ? Nul doute, pourtant, que meme des "hérésiarques pertinaces" puissent détenir et formuler des parcelles de la Vérité. Le cardinal Journet a bien expliqué cela avec son modèle des cercles concentriques dans ses "Entretiens sur la Grace". Contre l'esprit de contradiction, ce sont bien ces parcelles de Vérité, ces pépites du trésor Catholique - parfois si petites, certes, et prises dans une telle gangue d'erreur, qu'il faut mettre à jour chez son interlocuteur, non pas pour en déduire son Salut - une aptitude bien francaise que ce passage du particulier au général, mais bien pour exciter sa propre bienveillance à son égard, avec le concours des deux anges-gardiens.

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    2. C'est du bûcher éternel qu'ont été préservées toutes les âmes des fidèles par la mise hors d'état de nuire de quelques criminels marquants, qui étaient aussi le plus souvent agitateurs dangereux (ce sont eux qui ont déclenché les "guerres de religion" en France, quels malheurs!).
      La fausse pitié envers les criminels s'accompagne toujours d'une indifférence massive à l'égard du sort de la multitude des petits.
      Les hérésiarques n'ont aucune "parcelle" de vérité. Ils nient des dogmes nécessaires au salut, donc font naufrage complet dans la foi. Les vérités qu'ils peuvent exprimer par accident ne leur servent à rien.
      Ce n'est pas à nous que nous devons amener les autres, mais à Notre-Seigneur Jésus-Christ. Nous ne repoussons pas celui qui est de bonne volonté et trompé par ses pasteurs, mais c'est l'éblouissante vie des saints, de Notre-Seigneur, qui peut convertir et attirer au ciel, pas les petites "parcelles de vérité" qui sont les débris et les ruines qui restent après le passage de l'hérésiarque.
      L'Eglise nous donne la foi, toute la foi, car Notre-Seigneur a promis le Saint-Esprit à son Eglise, et pas aux autres sectes. Il a pourvu son Eglise du charisme de l'infaillibilité de son enseignement.

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  3. Est-ce que l'observance du premier du double commandement ne résoudrait pas le problème? Est-ce que ce n'est pas son oubli ou la tiédeur avec laquelle on l'observe qui provoque le problème? Et les autres, justement, ne font-ils pas obstacle à son observance rien que par leur présence? A se regarder en "chiens de faïence" on génère la tension. Le premier des deux commandements élève les cœurs les autres, mes prochains, entrent dans le flou et nous en sommes libérés. Saint-Ex. l'a bien dit des amoures humaines : regarder vers le même horizon etc...Dans l'amour du prochain, il y a comme l'humble regret de l'avoir oublié pendant l'extase. Qui nous empêche de tirer orgueil de celle-ci. Un peu comme Moise plaidant pour le peuple d’Israël menacé d’anéantissement par l"Éternel!

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    1. Certainement. En regardant vers Dieu, nous montons vers Lui tous ensemble en nous sanctifiant dans la vertu: conversio ad Deum, aversio a creatura. L'humanitaire et la religion de l'homme placé en premier nous ramène à la créature avec ses faiblesses, ses imperfections, son orgueil: conversio ad creaturam, aversio a Deo, et c'est le péché (définition de saint Thomas d'Aquin à la suite des Pères de l'Eglise).
      Saint Exupery était naturaliste et gnostique, ce n'est pas un Père de l'Eglise. Pourquoi ne pas lire plutôt saint Augustin ou saint Jean Chrysostome? Ils sont toujours d'une fraîche actualité.
      Mais je vois dans mon prochain un autre Christ. Qui sait si ce n'est pas le Christ lui-même qui est là pour voir comment je traite ses brebis égarées?

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  4. Hello a raison : l'esprit de division, ce qui divise , le » diabolos » niche en chacun de nous, il sait insidieusement se faire accueillir, et notre rage d'avoir raison tend bien à détruire l'interlocuteur, et cela on le e rencontre même st surtout parmi les clercs de tout bord , parfois de grands esprits ; par ailleurs et cet esprit de division est bien aussi à l'intérieur de nous même, puisque nous refusons en général de voir notre dédoublement .de voir notre part diabolique;

    D'un autre coté la discussion est le mouvement même de la vie même spirituelle, ce qui nous met en route, et le dédoublement est nécessaire à l'artiste créateur. Que serait la science et la musique et tous les arts sans remise en cause critique de ce qui a précédé, volonté d'aller plus loin.et même notre religion sans les fondateurs d'ordre
    A quel moment l'esprit de destruction l'emporte sur l'esprit de bienveillance constructif? Pour certains c'est naturel (ou cela parait) de rayonner de cette bienveillance, je pense à notre pasteur, pour d'autres, pour nous mêmes ! Cela exige une conversion ou un retournement jamais acquis.
    En tous cas merci au webmestre de ce salutaire rappel à l'ordre où chacun prendra ce qui lui est dû.

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    1. Il faut se laisser guider par le Saint-Esprit. La richesse de la vie intérieure, par nos prières, nos méditations, nos lectures édifiantes, nous permet d'acquérir un habitus, une garde de l'âme contre le démon de l'orgueil de soi. Les retraites de saint Ignace commencent par la contrition de nos péchés, des larmes pour nos péchés, une vraie humiliation qui est le début de l'acquisition de l'humilité. Ensuite, nous devons être pénétrés de la vérité que c'est le Saint-Esprit qui accomplit tout le bien en nous. C'est la même chose dans l'interlocuteur: l'Esprit, s'Il est en lui, va lui parler aussi.

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  5. Il n’y a rien de très nouveau dans ce texte. Des évidences, peut-être bonnes à répéter. Je ne suis pas non plus d’accord avec tout.
    Nous sommes divisés en nous-mêmes et séparés des autres, ontologiquement. Chaque personne est « un monde » à elle toute seule (peut-être une monade ?), un « monde » qui ne se connaît jamais entièrement et qui a besoin de se confronter aux autres pour en savoir un peu sur soi.
    C’est bien évidemment l’amour, le lien qui nous unit à nous-mêmes et aux autres. Pas l’amour-attachement mais l’amour-détachement. La bienveillance en est peut-être, en effet, le premier pas. Cet amour prend sa source en Dieu. C’est pourquoi aucune relation humaine ne tient la route si elle ne se fonde pas à partir et dans l’amour du Christ. Ni le couple, ni les relations filiales ni amicales etc… Survienne un événement inattendu, une épreuve, et ce que l’on croyait acquis s’effondre s’il ne tient que par notre propre force.
    Mais, la contradiction et l’esprit de contradiction sont deux choses bien différentes. La première est utile et sert à avancer. Si on me contredit, je cherche à clarifier ma pensée. Je pèse les arguments adverses, j’en prends, j’en laisse. Autrui m’aura obligatoirement aider à de nouvelles réflexions. Toutes les sciences fonctionnent de la sorte. On n’échappe pas à une certaine dialectique !
    La deuxième est maladive et la maladie se soigne peut-être avec encore plus d’amour, mais c’est un sujet difficile car le domaine psychologique est retors. Il y a de nombreux pièges, chantages, besoin de reconnaissance, de pouvoir etc. l’empathie est une loi qu’il faudrait toujours observer, sauf qu’autrui vous piège aussi dans votre propre inconscient. Deux inconscients qui jouent au tennis, c’est match nul assuré.
    Tout est mélangé dans ce texte. On ne parle jamais de la même façon à tout le monde, ça paraît être l’évidence même ! Avec un jeune ou un vieux, il y a une différence à faire naturellement : L’intelligence du cœur, sinon on rate tout, mais cette intelligence ne peut qu’être le résultat de la Grâce !
    L’ironie ? Elle est excellente dans certains cas. (Pas avec tout le monde.) Il est important de ne pas se prendre au sérieux. Nous ne sommes pas grand-chose. Rien ou presque. On se moque d’abord de soi. De l’humilité ! Ne pas être des Ubus ! L’ironie sert aussi à relativiser les évènements, à prendre du recul. Qu’est ce qui en réalité a vraiment de l’importance ? Rien, sauf à aimer.
    Le ton plus important que la parole ? C’est vite dit ! Le ton exprime peut-être la vérité alors que les mots la cache, mais, changez de région, allez par exemple du nord vers le sud et c’est le ton qu’on vous reprochera. Il est aussi culturel. Dans le midi, la langue chante toujours, même pour dire des vacheries. On s’emportera pour un rien et le nordiste prendra au sérieux ce qu’il fallait laisser passer.
    L’esprit de contradiction qui domine le monde ? Le Christ est venu nous réconcilier avec Dieu, avec nous-mêmes et avec les autres que je sache ?
    Mais déjà, je dois m’excuser de m’emporter et d’être monomaniaque !
    Benoîte

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    1. Cette distinction entre la contradiction et l'esprit de contradiction est effectivement très utile. La vraie contradiction est sereine et fondée sur l'Absolu de Dieu. On peut se tromper, on peut ignorer certaines choses, c'est pourquoi la discussion est utile. Les scolastiques pratiquaient la "disputatio", toujours très pointue mais sereine et courtoise. "C'est de la discussion que jaillit la lumière".
      N'oublions pas que Notre-Seigneur Lui-même a dit: "Croyez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre? Non, je vous assure, mais la dissension... le père contre le fils...la belle-fille contre la belle-mère...et l'homme aura pour ennemis ceux de sa maison".
      N'est-ce pas ce que nous vivons dans nos familles, avec nos proches? Et avec les autorités? Cela peut aller jusqu'au martyre. "Ce n'est pas vous qui parlerez, mais l'Esprit de votre Père parlant en vous" (Mt X,19).
      Donc, il y a une saine contradiction, la contradiction est inévitable, du moins pour le vrai apôtre, pas pour le consensuel à tout prix, notamment le champion de "l'herméneutique de la continuité".

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