dimanche 25 mai 2014

Wojciech Jaruzelski R.I.P. [par RF]

[par RF] Le général Jaruzelski est mort aujourd’hui, il avait 90 ans et je le tiens pour l’un des grands héros européens du XXe siècle.

Né dans une famille de la petite noblesse rurale, le jeune Wojciech et sa famille fuient en 1939 devant l’agresseur allemand, pour se retrouver dans la zone soviétique. Le père est déporté au goulag, il mourra de maladie. Wojciech travaille comme bûcheron, puis dans une mine de sel, où il s'abîme les yeux – jusqu'au moment où il s’engage dans l’armée polonaise qui opère sous patronage soviétique.

Il participe à la lutte contre l’Allemagne, c’est le début d’une brillante carrière militaire qui fait de lui en 1956 le plus jeune général polonais. C’est lui qui chapeaute dans l’armée les «événements de mars» – à savoir la purge d'une première génération des dirigeants de la Pologne communiste, en s’appuyant sur leur origine juive réelle ou supposée.

En 1981, Jaruzelski est Ministre de la Défense depuis 1968. Il est convoqué par Moscou: la situation polonaise inquiète le parrain soviétique. Le syndicat ‘Solidarité’ tient le haut du pavé, le pays est bloqué, et la situation risque de devenir incontrôlable. Les Soviétiques ont 100.000 parachutistes à la frontière, prêts à intervenir.

On connaît le mythe d’Antigone, et la lecture qu’en a fait Anouilh qui l’oppose à son oncle Créon. Antigone se bat pour une noble cause mais Créon n’en est pas moins valable, qui assure le maintien de l’ordre, pour éviter le chaos.

Dans l’histoire récente de la Pologne, Wojciech Jaruzelski tient le rôle de Créon. Le 13 décembre 1981 il proclame l’Etat de Guerre. Les leaders de Solidarité sont arrêtés. Le chef de l’Etat communiste, Stanisław Kania, apprend sa déposition au milieu de la nuit par la police militaire venue le placer «en sécurité» à l’isolement.

Lorsqu’il avait visité la France quelques temps auparavant, Lech Walesa avait été mis en garde par l’émigration polonaise de Maison-Lafitte, qui lui avaient recommandé de se méfier des Occidentaux, lui disant en substance: «Ils aiment les Polonais… mais ils nous aiment sanglants». Le message est passé, Solidarité et l’Eglise éviteront de rajouter de l’huile sur le feu. Quelques grands esprits, comme le chancelier Schmidt ou le nationaliste Maciej Giertych, approuvent la décision du général.

Ceux qui connaissent le coin savent que les Polonais ne sont pas les Tchèques, et résistent à l’envahisseur, parfois au-delà de toute rationalité. Une intervention eut été un massacre sans commune mesure avec ‘Prague 1968’. L’Europe eut connu une nouvelle glaciation de ses rapports est/ouest, pour une génération au moins.

Au lieu de quoi, il n’y a pas de bain de sang, l’invasion n’a pas lieu, Jaruzelski tient le pays d’une main ferme, remet la machine économique en marche, puis rend progressivement les libertés qu’il avait suspendues. En 1989, après divers tables rondes, il confie le pouvoir à Tadeusz Mazowiecki, qui devient le premier chef de gouvernement non-communiste du bloc est – avant la chute du mur de Berlin.

Le Général Jaruzelski se retire de la vue publique en 1990, rédige ses mémoires, donne quelques entretiens, et vieillit. Jusqu’à sa mort, il doit affronter la hargne du très orwelien «Institut de la Mémoire Nationale»: une commission para-gouvernementale qui poursuit qui elle veut, comme elle veut, si elle veut – et qui l’accuse de «crimes communistes». Bref, au lieu de reconnaître la grandeur de son adversaire, la nouvelle démocratie polonaise s’abaisse à des chicaneries oiseuses.

Il est mort aujourd’hui et je vais faire dire une messe pour lui.

Mise à jour 2016: Peu de temps avant sa mort, le Général s'est confessé, a communié, et reçu l'extrême onction. Voila qui boucle la boucle. 

22 commentaires:

  1. Merci de nous éclairer sur le manichéisme, à des fins cachées, des nantis "éclairés" de l'Ouest qui ne dédaignent pas le sang innocent pour servir leurs intérêts.
    La Vérité triomphe , un jour ou l'autre.

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    1. Vous n'avez aucune honte à écrire de tels propos?...
      Vous êtes, sans aucun doute, autant à plaindre qu'à blâmer!

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  2. *Thèse sympathique, mais à l'appui de la thèse plus standard, voici ce que m'en dit T, un ami polonais (et catholique et conservateur) qui connaît de plus près la question:*



    Franchement, la stupidité des gens de l'ouest est parfois paralysante...

    Mais c'était Jaruzelski lui même qui avait demandé les Russes de venir et d'intervenir! Et eux, en ayant peur de la réaction de l'OTAN (qui connaissaient déjà les plans de la 3eme Guerre Mondiale planifiée par les militaires du Traité de Varsovie car le colonel Ryszard Kuklinski, le collaborateur de Jaruzelski dans le "General Staff", leur fournissait tous les documents liés à ça), ils ont refusé et ont donné l'ordre à Jaruzelski de régler les affaires avec ses propres moyens le plus vite possible! C'était Jaruzelski et son compagnon Kiszczak, qui ont donné l'ordre de tirer sur les manifestants et grévistes!

    A Nuremberg, Ribbentrop (qui était juste un diplomate) a été condamné à mort pour avoir "planifié la guerre". Jaruzelski et compagnie n'ont jamais été condamnés alors qu’ils ont travaillé constamment sur les plans de la 3e Guerre. Il faut se rendre compte qu’au début des années 80 tout était déjà préparé, le seule problème était la situation instable en Pologne. La Loi Martiale en Pologne devait être introduite pour préparer le terrain sécurisé pour pouvoir transférer l'Armée Rouge rapidement et sans problèmes (en quelques heures, voir la doctrine soviétique de guerre contre l'Ouest) par le territoire de la Pologne. Sans avoir des voies d’acheminement sécurisées, la 3e Guerre ne pouvait pas démarrer!

    Au lieu de quoi, il n’y a pas de bain de sang, l’invasion n’a pas lieu, Jaruzelski tient le pays d’une main ferme, remet la machine économique en marche, puis rend progressivement les libertés qu’il avait suspendues. En 1989, après diverses tables rondes, il confie le pouvoir à Tadeusz Mazowiecki, qui devient le premier chef de gouvernement non-communiste du bloc est – avant la chute du mur de Berlin.

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    1. Je pourrais presque dire qu'à stupidité... stupidité et demi. Mais ce serait manquer de courtoisie.

      Mais je vous répond: on ne se grandit pas en rabaissant son adversaire. Faire de Jaruzelski un personnage maléfique est un chose, qui relève au fond de l'opinion. Le présenter comme le grand manitou du Pacte de Varsovie en est une autre, qui est bien moins sérieuse.

      Quant au colonel Kuklinski, c'est un agent double, et dans ces histoires il est bien difficile de savoir qui espionne qui, ou qui l'intoxique... en connaissance de cause ou pas. Il est bien improbable que Kuklinski ait pu passer aux Américains les plans les plus secrets des Soviétiques, tout simplement parce qu'il est bien improbable que les Polonais aient disposé de ces plans.

      Mais dans la thèse que vous nous exposez via votre ami polonais ("catholique et conservateur"), c'est Jaruzelski lui-même qui rédigeait ces plans, ce qui est bien commode. On finirait par croire que l'URSS était un vassal de la Pologne, et non l'inverse. Il est vrai que selon cette thèse toujours (dans une partie que vous ne mentionnez pas) les Polonais envisagent d'attaquer à eux seuls l'Allemagne fédérale, le Danemark, et la Hollande. Vu le niveau d'équipement de l'armée polonaise (aïe! pas taper!), il leur eut fallu bien de la chance pour dépasser de beaucoup la frontière.

      Quant à "tirer sur les manifestants"... 1981 n'est ni 1976 ni 1970. Le coup d'Etat, je crois, a fait 7 morts, encore en comptant la bavure de la mine Wujek.

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  3. Sur la question de Smolensk - qu'est-ce qui est avéré ?

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    1. Pour les visiteurs qui n'ont pas forcément les choses présentes à l'esprit, je signale que "Smolensk" désigne nécessairement ici la catastrophe d'avril 2010: l'avion du président polonais s'y est écrasé, et les 96 personnes présentes à bord ont péri. Ils venaient se recueillir à Katyn, et devaient se poser sur l'aéroport militaire de Smolensk mais ils se sont crashés. L'émotion a été considérable, et certains Polonais pensent à un sabotage.

      D'autres personnes (et cela semble plus conforme aux éléments dont on dispose) pensent que cette catastrophe est due à la 'brawura' polonaise. La brawura? le mot désigne la bravoure, quand elle est mal employée. Je m'explique: la Pologne connaissait une cohabitation. Le Premier Ministre Donald Tusk était venu se recueillir quelques jours auparavant. Le Président Kaczynski qui ne voulait pas être en reste, arrive avec son avion bourré de personnalités. Mais à Smolensk, ce jour-la, les conditions sont exécrables, aucune visibilité. Les contrôleurs russes refusent l’atterrissage et demandent que l'avion aille se poser à Minsk. Les pilotes polonais ont passé outre l'interdiction d’atterrissage (a priori sur ordre des supérieurs présents dans l'avion) et... accrochent des arbres. Aucun survivant.

      Divers éléments (dont tous ne sont pas sérieux) ont été mis en avant par ceux qui pensent à un complot, y compris au plus haut niveau de la société polonaise. D'autres éléments corrobore la thèse du crash somme toute banal d'un avion se posant sans autorisation. L'émotion qui entoure l'affaire n'apporte aucune sérénité au débat.

      La seule chose qui est certaine est qu'il est fort imprudent de concentrer dans un seul avion un si grand nombre de personnalités. Que l'on en juge: outre le président et sa femme: un ancien président de la république polonaise en exil; 3 vice-ministres; le président de la Banque Centrale; 8 députés et non des moindres; 3 sénateurs dont la vice-présidente du Sénat; 4 conseillers proches dont trois anciens ministres; 10 officiers généraux dont le chef de l'Etat-majour, le chef de l'armée de terre, le chef de la marine, le chef de l'arme de l'air; plus un onzième général puisque tel est le titre de leur évêque aux armées. La liste est encore longue, qui va du président du comité olympique polonais à la cofondatrice de Solidarnosc: 89 passagers de marque, plus l’équipage.

      Manquait à l'appel le général Jaruzelski: il avait postulé mais sa présence ayant été refusée par Kaczynski.

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  4. Disons que cette lecture occidentalisée des évènements en Pologne est un peu étrange. Le KGB, cet état dans l’Etat, à la tête duquel Andropov surveillait le monde et surtout Karol Wojtyla depuis sa nomination à l’Archevêché de Cracovie avait un pouvoir (presque) illimité. Il considérerait K.W. comme le« danger potentiel principal ». Le 13 novembre 1979 on prend des « mesures opérationnelles » contre le nouveau Pape. On l’espionne au Vatican. A l’intérieur du pays, pour lutter contre Solidarnosc (qui a été financé par J.P II, ne l’oublions pas) on met un homme de confiance du KGB, Kania, puis Jaruzelski. Mais entre 82 et 85 les luttes intestines au sein du parti et du KGB expliquent le desserrement progressif de Moscou vis à vis de la Pologne. Un autre facteur oblige l’URSS à modifier ses structures politiques, c’est le déclin économique qui, assurément, vouait l’empire soviétique à rejoindre le tiers-monde. Gorbatchev sera l’homme de la situation. Réduire les dépenses militaires, redynamiser la société par la glasnost, gérer les ressources naturelles etc.…D’où la Perestroïka.
    En URSS, le Politburo et sa police d’état contrôlaient tout mais avaient oublié dans leur censure le réveil des peuples et du sentiment national. Aujourd’hui, on dit en Europe (et presque en plaisantant), que nous vivons une situation ressemblant au bolchévisme. En effet nous avons une oligarchie presque invisible et super puissante qui détient ou cherche à détenir tous les pouvoirs (économiques, financiers et politiques ainsi que médiatiques) ainsi qu’un gigantesque système de services secret informatisé capable d’espionner le monde entier. Ce nouveau régime s’inspire totalement du bolchévisme mais il a compris la leçon de leur échec : Il ne faut plus que les peuples se réveillent. Il faut donc abolir en eux tout sentiment nationaliste et religieux. Le diable se recycle. Ainsi, en Europe, en Amérique, en Afrique et au Moyen Orient, on introduit des lois sociétales pour détruire un modèle civilisationnel, on provoque les conflits ethniques. On cherche le contrôle total pour n’avoir à gérer que des organes dépourvus de cerveau et de cœur. Travailler, consommer ou mourir… A rendre jaloux Staline ! Et, à la veille d’un conflit armé « possible » avec la Russie, la thématique de ce billet tombe à pic !

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  5. Pour éclairer vos lecteurs sur l’action politique du général Jaruzelski, accepteriez-vous que l’on rappelle aussi sa responsabilité dans le martyr du bienheureux Jerzy Popieluszko (qui certainement intercède pour lui, de même que saint Jean-Paul II) ? Extrait de Wikipédia :
    « En 1983, il [Jerzy Popieluszko] figure sur une liste de 69 "prêtres extrémistes" établie par le gouvernement du général Jaruzelski et remis à l'archevêque de Varsovie. La même année, il est accusé de détention d'armes et est arrêté par la SB, mais est vite relâché grâce à l'intervention du clergé. La nuit suivante, quelqu'un dépose une grenade dans son vestibule. Le Père échappe à cet attentat de justesse. De janvier à avril 1984, le prêtre est convoqué 13 fois par la milice. Il est accusé d'"abus de sacerdoce". En mars 1984, le Pape lui envoie un cadeau pour le féliciter d'avoir osé critiquer une décision du gouvernement polonais d'interdire les crucifix dans les écoles. La police politique organise le 13 octobre 1984 un accident de voiture pour le tuer mais il y échappe. Le plan alternatif est réalisé le 19 octobre : au retour d'une visite pastorale à Bydgoszcz, la voiture de l'ecclésiastique est arrêtée par un véhicule banalisé de la police : il est enlevé par trois officiers de la SB près de Wloclawek, à 160 km au nord-ouest de Varsovie et est placé dans le coffre de la voiture de ses kidnappeurs. Son chauffeur, l'ancien parachutiste Waldemar Chrotowski, menotté et placé de force dans l'habitacle, réussit à s'échapper et à avertir la population mettant fin à la tentative gouvernementale brutale de reprise en main du pays.
    Après avoir été torturé jusqu'à ce que mort s'ensuive, le corps de Jerzy Popieluszko est lesté puis jeté dans un réservoir d'eau de la Vistule. Son corps méconnaissable ne sera découvert par des plongeurs que plusieurs jours plus tard dans ce réservoir, grâce aux aveux des trois officiers. »

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    1. Que le général Jaruzelski, comme tous les dictateurs, ait commis de mauvaises actions, du fait même de sa dictature...c'est une évidence. C'est presque même une lapalissade, et personne ne le contestera.

      Mon propos n'est certes pas de l'en exonérer - ce que vous aurez compris pour peu que vous ayez lu mon post.

      Il n'en reste pas moins que si l'on veut bien dézoomer et considérer les grandes lignes, le général Jaruzelski a pris en 1981 non pas une bonne décision, mais la seule décision possible.

      Lech Walesa n'est pas loin de dire la même chose quand il déclare: «Il aurait été un grand homme s'il avait vécu à une autre époque. Mais il a fait partie d'une génération malheureuse»

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    2. Walesa était agent des services secrets communistes... Veuillez ne pas citer ses "sagesses"...

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  6. Jaruzelski etait un communiste qui a du sang des catholics polonais sur ces mains.
    Mazowiecki etait un communiste toute sa vie, et il a meme personnellement combattu eglise polonaise et un eveque polonais emprisonait.
    Krystyna, polonaise

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    1. Bon. On va faire simple. Il y a deux sortes de patriotes polonais. Il y a ceux qui voient les faits et les hommes pour ce qu'ils sont, marqués tantôt de noblesse et tantôt de petitesse. Et puis il y a les puristes qui rejettent tout ce qui dévie un tant soit peu de leur camp.

      Dans le camp des puristes, on trouve ceux qui voient des communistes partout. Que Jaruzelski ait été communiste, c'est un fait et c'est bien la moindre des choses vu son niveau de responsabilité dans la structure de l'Etat-Parti polonais. PAR CONTRE, écrire que Mazowiecki aurait été communiste, c'est une bouffonnerie. A ce stade vous pourriez tout aussi bien évoquer l'agent Bolek.

      Au fond, un bon marqueur entre les deux types de patriotes que je décris, c'est leur attitude à la mort de Czeslaw Milosz, les uns pleurant un grand poète national (et traditionaliste - à sa manière), les autres allant troubler ses funérailles parce que 50 ans auparavant il avait mis un doigt dans l'engrenage communiste.

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    2. Que savez vous sur le sujet de destructions des documents des services secrets avec l'assentiment du premier ministre - Tadeusz Mazowiecki? Que savez vous sur son activité politique récente? Je suppose que rien, n'est pas?

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    3. J'imagine que vous êtes la personne qui a posté 3 minutes plus tard que Walesa était un agent communiste - il est vrai que j'avais prévu qu'on parlerait ici de l'agent Bolek. Je connais ces délires et j'ai passé trop de temps à lire tout cela. En général ça s'arrête avant le pape, d'autres fois JPII est lui aussi mis dans le panier des traîtres à la nation, etc. // Tout cela serait juste loufoque si ce n'était pas également... triste.

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  7. Cher RF,

    J'hésitais à mettre mon grain de sel dans cette conversation entre polonisants savants et compétents, mais comme une autre fois qu'ont appréciée les métablogueurs à cause de ma concision, je vais faire court.

    Je vous savais iconoclaste, mais je ne comprends pas bien le raisonnement qui, sous cap et au nom de l'antimanichéisme et de "la coïncidence des opposés", nous incite à adresser cette prière:

    "Saint Créon, priez pour nous !"

    Expliquez-moi, car s'il s'agit, pendant qu'on pinaille sur les canonisations de deux papes, de mettre Jaruzelski au pinacle, parce qu'il a participé à la première purge et à la répression de Solidarnosk et qu'il aurait pu faire pire, j'en perds mon latin...

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    1. Julien vous ne m'avez pas compris. Il ne s'agit pas de louer Jaruzelski pour ce qu'il a fait parce qu'il aurait pu faire pire. Il s'agit AU CONTRAIRE de le louer pour ce qu'il a fait parce qu'aussi bien il aurait pu ne pas le faire, se retirer, garder les mains propres... et inutiles. Les conséquences en eurent été drastiques pour la Pologne, et par contre-coup pour l'Europe. Jaruzelski, toute proportion gardée et dans un contexte évidemment différent, c'est un peu le Pétain polonais... si Pétain avait pu/su protéger tout le monde, s'il avait au bout de quelques temps remis le pouvoir à un gouvernement de transition librement élu, et si l’occupation avait fait une poignée de morts.

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    2. Encore une fois:

      Votre raisonnement RF, me fait penser à une blague polonaise concernant le séjour de Lénine à Poronin (un village dans les montagnes).
      Alors :
      A l'occasion du centième anniversaire de Lénine, la radio envoie un correspondant à Poronin pour faire des interviews avec les habitants qui se rappellent de ce « grand homme ». Le correspondent arrive dans le village, rencontre un vieux montagnard et commence à lui poser des questions :
      - Alors, vous souvenez-vous de Lénine ?
      - Oui, je me souviens très bien de lui.
      - Dites-nous, il était comment cet homme ?
      - Il était très bon pour nous.
      - Comment ça « très bon pour vous» ?
      - Bah, il pouvait tous nous tuer mais il était très bon pour nous donc il ne l’a pas fait.

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    3. … sauf que votre ‘blague’ ne colle pas à la situation. Jaruzelski a agit comme un syndic de faillite, qui sauve ce qui peut l’être, et qui est le seul à avoir cette capacité. Ou encore, un chirurgien qui coupe dans le vif, au mépris de notre sensibilité et de la sienne, pour sauver le reste du membre. Ou encore du pompier qui abat une maison pour éviter que le feu se propage à tout le bloc.

      Je ne connais que très mal l'histoire de France, je parle donc sous le contrôle de plus savants que moi pour vous dire que par analogie, si Louis XVI avait été moins "bon", s'il avait fait tirer juste ce qu'il fallait, sur qui il fallait, il eut évité à la France la Révolution et son cortège horrible (1789/1815).

      Mais je vous propose une autre manière d’aborder le problème: Imaginons ce qui se serait passé sans intervention autoritaire de l’Etat polonais. Les événements seraient allés en s’amplifiant jusqu’au moment où… où quoi?

      Première solution : les Soviétiques se retirent de Pologne, ce qui est peu probable ne serait-ce parce que c’est leur route pour relier l’Allemagne Centrale où ils ont plus de soldats qu’il n’y en a dans toute l’armée française.

      Deuxième solution : ils règlent l’affaire eux-mêmes, éventuellement en faisant appel aux Allemands et aux Tchèques, et c’est le bain de sang.

      La (re)lecture in extenso des journaux parisiens de l’époque montre assez la déception de certains milieux intellectuels, dans les premières semaines qui ont suivi le coup d’Etat du général Jaruzelski, quant ils ont compris que l’affaire se tassait.

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  8. Laurent Ozon a écrit: "Celui qui ne peut concevoir la légitimité, la sincérité et la beauté des aspirations de son adversaire est un nervi en puissance." -- Je souscris complètement, et je remplace même 'adversaire' par 'ennemi'.

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  9. Le bon Mathieu19 juin 2014 à 09:40


    Mon bon RF,

    C’est avec perplexité, embarras et incompréhension que j’assiste depuis un mois à votre combat contre une multitude. Et avec la certitude que vous n’en sortirez pas vainqueur. Avec les jours qui passaient croissait ma culpabilité mais comment intervenir sur un sujet dont j’ignore tout. De la Pologne contemporaine je ne connais que ce qui est relatif à la biographie d’un cracovien célèbre qui a terminé sa carrière comme curé romain.

    Mais subitement vous venez de me fournir l’occasion d’intervenir en avouant que l’histoire de France n’était pas votre fort. Là est votre problème. Votre polémique au sujet de Jaruzelski nous est inaudible.

    Je crois que vous auriez eu l’assentiment de tous si vous aviez plutôt mis en débat cette trouble époque dite de la « libération » - qui ne perdura pas grâce à Dieu – pendant laquelle d’authentiques salauds, qui avaient saisi une part du pouvoir, purent se livrer à leurs activités favorites de spoliations, tortures, brimades, persécutions et bien entendu exécutions sommaires. Votre ignorance de cette « histoire » ne vous a pas permis de relativiser la responsabilité de votre coco polonais en regard de celle de ses camarades français.

    Comme on dit en France « ne m’emmerdez pas avec la poutre que j’ai dans l’œil ».

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    1. Mon bon Mathieu, je ne sais pas quelle est cette «polémique» dont il me faudrait sortir «vainqueur», ni contre quelle «multitude» je mènerais je ne sais quel «combat». J’ai dit ce que je sais de son historicité, ce que certains partagent, et d’autres non.

      Je retiens cependant votre évocation des moments les moins enviables de l’épuration: puisque je ne mentionne pas cet épisode, c’est que je l’ignorerais? Que nenni, que nenni! Mais pour odieux que soient les agissements de l’«Institut de la Mémoire Nationale» polonais, et quelque regrettable que soit leur hargne envers le général Jaruzelski, et même s’ils se revendiquent d’une ‘épuration’ (lustracja), la situation polonaise post-communiste est sans mesure avec l’histoire française que vous évoquez, ne vous en déplaise.

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  10. Il est une chose, plus préjudiciable au débat que l'ignorance ou la bêtise, c’est la précipitation.

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