lundi 21 juillet 2014

Le traditionalisme n’est pas la droite de l’Église! [par Hector]

[par Hector] Il y a bien des lieux communs qui affectent l’Eglise et dont l’opinion se nourrit. On les connaît. Ils tiennent autant aux faits historiques (Inquisition) qu’aux institutions (célibat des prêtres, etc.). Le mouvement traditionaliste, tel que perçu par le grand public, peut à lui seul résumer l’esprit de ces lieux communs dont l’Eglise est victime. On peut dire qu’à ce jour sa nature reste peu ou mal analysée. Peu analysée, car les jeunes générations ont une culture et une perception de plus en plus parcellaire du milieu ecclésial ; mal analysée, car dans la tentation de la classification, le traditionalisme serait la transposition au catholicisme romain d’attitudes politiques situées à droite de l’échiquier. Au même titre que le FN, encore situé à l’extrême-droite, ou que l’UMP, située malgré tous ses doutes, à droite, le traditionalisme, ce serait logiquement la droite, voire l’extrême-droite de l’Eglise.

Une telle vue est réductrice. Ce qu’une telle description oublie, c’est la question spirituelle. Or, ce qui est évacué par une certaine pastorale ecclésiale, c’est bien cet aspect, qui au demeurant n’est nullement politique! Si des fidèles franchissent les portes de chapelles, prieurés et autres modestes lieux de cultes, approuvés, tolérés ou récusés par l’évêque, c’est d’abord pour des raisons spirituelles, pour des raisons de foi. Prier, s’interroger sur la fin de sa vie, se poser des questions sur sa destinée est une chose ; adopter une position politique, définir un projet de société, dans des circonstances données, en est une autre. On peut aussi le dire d’attitudes dérivées : s’agenouiller à la messe, se confesser à un prêtre est une chose ; distribuer des tracts politiques, signer des pétitions ou faire du phoning en est une autre. En politique, on est davantage dans l’ordre de l’immédiat, des choix pratiques, qui s’appliquent à des situations données, nullement dans un rapport à son âme indépendamment de tout contexte.

Or, curieusement, si les fidèles ont rejoint les rangs de ce qui allait devenir le mouvement traditionnaliste, c’est bien parce qu’ils redoutaient une réduction du message spirituel à des options purement politiques et temporelles. Si la crise de l’Eglise a fait souffrir beaucoup de fidèles, c’est avant tout parce que des confusions avaient été faites entre des attitudes spirituelles et des démarches temporelles (faire la révolution, vouloir changer la société, etc.) avec réduction des premières aux secondes. Les fidèles n’ont pas supporté que les homélies soient tournées en prêche politique ou que le militantisme politique (et/ou syndical) soit érigé comme l’étalon de la vie spirituelle. Sous prétexte d’aller de l’avant ou d’ouverture au monde, des traits de la vie spirituelle furent évacués : confession, dévotions, adoration du Saint-sacrement, etc. Sous prétexte d’esprit évangélique, des notions comme la vie éternelle, le péché originel – quand ce n’est pas le péché tout court -, la loi naturelle ou l’appartenance à l’Eglise furent vidées de leur sens ou reléguées. Enfin, sous prétexte d’humilité et de simplicité – attitudes qui mériteraient d’être mieux précisées et non soumises à des interprétations démagogiques -, la visibilité de l’Eglise par rapport au monde profane, donc temporel, a été atténuée : abandon de la soutane et de tout signe religieux, dépouillement des églises, transformation de la célébration liturgique en réunion associative ou festive, etc. Si les réformes des années 1960 et 1970 n’ont pas été supportées par des fidèles qui ont préféré faire le choix d’une résistance, c’est tout simplement parce qu’elles évacuaient toute référence au surnaturel.

La question est plus simple : les notions de péché, de rédemption, de contrition, etc., sont-elles de droite ? La transcendance de Dieu et la permanence de l’Eglise peuvent-elles être annexées à un camp politique donné ? Au temps des premiers chrétiens, bien des concepts politiques actuels étaient clairement inopérants (la démocratie parlementaire, la séparation des pouvoirs, la notion de représentation, le concept de parti politique, etc.). En revanche, les notions de péché, de grâce, de mort ou de rédemption étaient déjà d’actualité. Hier, comme aujourd’hui. Ces notions sont de tout temps. De tout temps ? C’est justement le propre de la… Tradition. Et de tout temps aussi, les hommes se sont posés les mêmes questions sur la vie, la mort et le sens de leur existence. Ils avaient beau vivre sous des latitudes différentes, dans des milieux différents ou exercer des professions différentes : ce sont bien les mêmes appels qu’ils ont reçu, les mêmes tristesses qu’ils ont éprouvé et les mêmes espérances qui les ont nourris.

Comme il existe une gauche hostile à tout aspect surnaturel, il existe aussi une droite qui ne goûte guère au dépouillement évangélique. De même qu’il existe une gauche qui récuse toute prière, il existe aussi une droite pélagienne qui refuse de voir que Dieu reste le seul et véritable maître des temps et qui se réfugie dans l’activisme, etc. De même qu’il existe une gauche qui rejette la morale comme un  carcan, il existe une droite pour qui la morale n’est qu’affaire d’utilité et de calcul, pour qui le mal ne saurait être notion objective, et ce indépendamment du sujet qui le commet. Pour avoir vu suffisamment d’esprits de droite dégagés de toute référence religieuse, je m’interroge sur la pertinence qui tend à comparer les traditionalistes aux militants de mouvements politiques, dont les comportements - outre le fait d’être de moins en moins politiques… – sont encore moins religieux.

Plus précisément, le traditionalisme a été une résistance à un vaste mouvement de sécularisation affectant l’Église, qui s’exprime à une époque où certains mouvements politiques actuels n’étaient pas sur le devant de la scène. Pour nous limiter à l’exemple français, le mouvement traditionaliste apparaît à une époque où le paysage politique (années 1960) reste marqué par un condominium exercé par les gaullistes et les communistes. Il se structure à une époque où le Front national - qui n’apparaît qu’en 1972 - existe à l’état groupusculaire et réalise des résultats électoraux microscopiques (années 1970). Enfin, il s’étend dans des régions qui restent souvent imperméables aux succès électoraux du FN (années 1980), à tel point que même Golias (dans un numéro spécial sorti en 1991) dut reconnaître que la portion géographique du territoire français la plus favorable au traditionalisme révèle une faible implantation du FN. Enfin, le développement actuel du FN (début des années 2010) se fait encore dans des régions où la mouvance traditionaliste (Nord, Picardie, etc.) est peu présente.

Quant aux exemples étrangers, ils sont encore plus criants : la corrélation droite/traditionalisme est encore plus vidée de son sens, car, outre l’absence de liaison entre les deux variables, on est en peine de trouver une droite comparable à son homologue française. Comment expliquer le développement de messes Ecclesia Dei, puis Summorum pontificum, dans un pays (les États-Unis) étranger aux cristallisations françaises de ces deux derniers siècles ? On peut descendre dans l’hémisphère sud. Comment expliquer aussi le développement d’apostolats de la FSSPX dans un pays (les Philippines) où peu de gens savent qui est Charles Maurras et l’Action française ? Enfin, comment expliquer le succès de la FSSPX ou de l’ICRSP dans des pays (d’Afrique noire) où l’on reste étranger aux préoccupations de la survie l’Occident chrétien ? Le mouvement traditionaliste mériterait d’être analysé à partir des préoccupations qu’il exprime, non de phénomènes périphériques et conjoncturels, sans rapport avec la Tradition. C’est un peu comme si on liait l’essor du mouvement traditionaliste à telle mode musicale ou vestimentaire. À coup sûr, on friserait le ridicule.

samedi 19 juillet 2014

Du rififi à venir, à la droite de la FSSPX [par RF]

[par RF] Il y a une crise de l’Eglise et la FSSPX se voit comme une barque de sauvetage, qui n’a pas toutes les cartes en main, mais qui permet –dans l’attente d’une accalmie– à quelques centaines de milliers de fidèles de maintenir leur religion catholique dans toute sa pureté. La question d’un accord avec Rome a secoué cette organisation ces dernières années, et une grosse poignée de prêtres qui refusent cette perspective ont quitté la FSSPX, souvent de leur plein gré, parce qu’ils la pensent en danger. Dans cette optique, ces prêtres sont comme la bouée de sauvetage du canot de sauvetage.

Cette situation n’est guère confortable, et il est bien naturel que leurs partisans et eux-mêmes aient connu quelques tâtonnements. Et déjà, comment s’appeler? FSSPX canal historique? de stricte obédience? Le terme de «Résistance» semble s’imposer. Et comment s’organiser? Il y a eu un premier regroupement aux USA sous la houlette de l’abbé Joseph Pfeiffer, il y a eu cette conférence de Mgr Williamson qui estimait la chose impossible («Vous rendez-vous compte que commander les prêtres résistants, c’est comme essayer de dresser des chats?»). Et cette semaine a été crée une «Union Sacerdotale Marcel Lefebvre» chez les dominicains d'Avrillé, en la présence aussi bien de l’évêque Williamson que de bénédictins brésiliens, de prêtres américains français ou allemands.

Est-ce à dire que le paysage se recompose? Au moment même où une partie de la «Résistance» se place sous ce vocable, d’autres «résistants» publient sur leur blog un texte très pugnace dont il ressort que «si nous voulions, sachant ce que nous savons à présent, continuer à fonder notre combat anti-ralliement sur la fidélité à la pensée de Mgr Lefebvre, nous bâtirions sur des sables mouvants».

Bref: la situation n’est pas si décantée que cela. Prévoir un (gros) stock de rustines pour la bouée de sauvetage. Mais au fond, la situation étant complexe, pourquoi la solution devrait-elle être simple et évidente?

vendredi 18 juillet 2014

Nicolas Malebranche ? Ce n'est pas un extraterrestre

Je suis comme d'habitude en cette période de l'année... au frais derrière les murs épais du petit manoir de mes parents en Bretagne. Et après avoir bouffé les semaines précédentes du Spinoza et du Leibniz, j'en suis à Malebranche : quel génie! Et quelle langue, oui, quel français! Notre benoîte maîtresse d'école - avec laquelle figurez-vous je me suis récemment découvert un breton cousinage dans une bonne brasserie parisienne où nous avons continué nos échanges - n'y trouverait rien à redire, tant le rythme des mots et celui de la pensée s'identifient, toujours vivace, allegro. Oh! Ca ne vaut pas Thérèse d'Avila (publiée en Pléiade il y a un an ou deux)... Mais quelle puissance pour désigner ce que tant et tant de chercheurs ont voulu découvrir : "l'essence" du christianisme. Et quelle fièvre de philosopher, comme s'il pressentait l'avènement des Lumières, qui éteindrait bientôt toutes les évidences de sa philosophie. Ou plutôt qui tenterait d'y parvenir... Né en 1638, mort en 1715, Nicolas Malebranche est le presque exact contemporain de Louis XIV. Il y a de la grandeur dans sa philosophie.

Denis Diderot, qui ne l'aimait pas, reconnaissait sa puissance spéculative de façon paradoxale: "Une page de Locke contient plus de vérité que tous les volumes de Malebranche ; mais une ligne de celui-ci montre plus de subtilité, d'imagination, de finesse et de génie peut-être que tout le gros livre de Locke". Locke, rappelons-le, est celui qui tenta de ramener l'entendement humain au domaine des vérités sensibles, ce qui représente l'exact opposé de la démarche de Malebranche, prêtre, oratorien et champion de l'esprit, de sa clarté et de sa lumière. Il a fallu mettre "les" Lumières, au pluriel, pour faire oublier Malebranche... Mais au fait, quel est ce pluriel? Naturellement nous rappellent les auteurs du Grand siècle, Descartes, Pascal ou Malebranche, notre lumière est celle de l'esprit. Nous n'en avons pas d'autre à portée de la main. La lumière de la foi? Elle est surnaturelle.

Mais c'est d'elle que je voudrais laisser Malebranche nous parler. J'ai trouvé un beau texte de ce très grand chrétien, souvent incompris par ses adversaires, dans le Quatorzième entretien sur la Métaphysique. Oui... Il me transporte. Je vous l'offre tel quel: antilibéral, c'est vrai, mais aussi profondément compréhensif puisque le néant lui suffit pour constater que se font des enfants de Dieu.
"Il n'y a que les chrétiens à qui il soit permis d'ouvrir la bouche et de louer divinement le Seigneur. Il n'y a qu'eux qui aient accès auprès de sa souveraine Majesté. C'est qu'il se comptent véritablement pour rien, eux et tout le reste de l'univers, par rapport à Dieu, lorsqu'ils protestent que ce n'est que par Jésus-Christ qu'ils prétendent avoir avec lui quelque rapport. Cet anéantissement où leur foi les réduit leur donne devant Dieu une véritable réalité. Ce jugement qu'ils prononcent d'accord avec Dieu même donne à tot leur culte un proix infini. Tout est profane par rapport à Dieu et doit être consacré par la divinité du Fils pour être digne de la sainteté du Père, pour mériter sa complaisance et sa bienveillance. Voilà le fondement inébranlable de notre sainte Religion".
Pour ceux qui aiment chiner, je suggère que c'est sans doute en de tels textes que Bonald, grand lecteur de Malebranche, a dû découvrir la nécessité de son principe de ternarité. Entre le Fini de notre expérience et l'Infini où nous entraîne nécessairement "la lumière naturelle de notre raison" , il faut un médiateur. Il nous est donné (et il ne peut que nous être DONNE) dans le Christ. "Nul ne vient au Père que par moi" dit Jésus en saint Jean... C'est ce que nous explique Malebranche en en tirant toutes les conséquences logiques: pour accepter de venir au Père par le Fils, il faut d'abord que l'homme accède à son néant et c'est dans cette accès -véritable accession- qu'il trouve sa vérité et... en même temps en quelque sorte la vérité du christianisme : "cet anéantissement où la foi dans le Christ nous réduit nous donne (seul) devant Dieu une véritable réalité"

jeudi 17 juillet 2014

L’homme qui cherchait ses clefs [par RF]

[par RF] On connaît la vieille blague : sous un réverbère, en pleine nuit, un homme cherche ses clefs. Un passant s’arrête pour l’aider – en vain. Au bout d’un quart d’heure il lui demande s’il est sûr de les avoir perdues à cet endroit. «Ah non, répond le quidam, mais ici, au moins, c’est éclairé».

Cette histoire n’est jamais que la forme condensée d’une erreur assez répandue. Nous vivons des temps confortables mais troublés, où il ne suffit plus de vivre la vie de nos parents. Notre environnement (technique, sociologique, économique, etc) a changé au point que nos grands parents ne le reconnaîtraient pas. Face à cette nouvelle donne, nous n’avons pas toutes les clefs.

Le danger est alors de vouloir garder celles d’antan. Mais les codes ont changé, les portes qu’ils ouvraient n’existent plus. Les clefs de lecture ont été établies pour des univers qui ne sont plus les nôtres.

Amis lecteurs, je ne vais pas vous donner les exemples que vous trouverez vous-mêmes… que ce soit dans le monde du travail (que devient la loyauté réciproque entre le chef et le subordonné, quand chacun est prié de fonctionner comme un centre de profit intérimaire, free-lance, et interchangeable) – ou encore dans l’enseignement (où l’on passe de la rareté des supports de connaissance à leur surabondance).

Je veux plutôt vous raconter cette anecdote (est-elle vraie? je ne sais) de médecins américains se disputant vers 1980 sur une série de cas atypiques: les uns penchaient pour un nouveau type de cancer, les autres pour une hépatite inconnue. Ils ne savaient pas trancher, et puis ils ont compris que leur boite-à-étiquettes ne les aiderait pas, qu’il fallait inventer un nouveau mot (AIDS en l’occurrence).

Dans ces situations, le danger est toujours de forcer les faits à rentrer dans les cases dont nous disposons, à tordre les lignes pour qu’elles correspondent à nos schémas de pensée. Bref, à chercher l’explication non pas là où elle est, mais là où elle aurait été à une autre époque, parce «à cet endroit, au moins, c’est éclairé».

Pensons à frais nouveaux le monde qui nous entoure, étant saufs les principes! faute de quoi notre traditionalisme catholique deviendrait, dans ses applications sociétales, l'égout collecteur de tous les ringardismes, de toutes les obsolescences.

Au crépuscule de nos idoles

Cette critique est parue au mois de juin dans la revue Monde et Vie
Voilà un livre étonnant d’intelligence, un essai comme il n’en paraît que deux ou trois tous les dix ans… Dans Apocalypse du Progrès, Pierre de La Coste fait le bilan de trois siècles de croyance dans le Progrès… Il expose les circonstances dans lesquelles, au XXème siècle, l’idole progressiste a vacillé et tire les conséquences de ce vacillement apocalyptique. Le progressisme est mort, et après?
  
Il existe déjà plusieurs réflexions sur la fin du mythe du progrès, celle de Pierre-André Taguieff, celle de Frédéric Rouvillois.

Pierre de La Coste a demandé une préface à Rouvillois, mais, dans son nouveau livre Apocalypse du progrès, se démarquant de la prudence universitaire, il emmène la réflexion sur des pistes carrément religieuses. Le progrès au XVIIème siècle est la première « religion séculière ». Pour Pierre de La Coste, en réalité, l’avènement de l’idée de progrès met un point final à une immense discussion théologique, celle qui s’étendit du XVIème au XVIIIème siècle et qui eut pour objet les rapports entre la grâce de Dieu et la liberté de l’homme. C’est à travers le progrès et le progressisme que l’intelligentsia occidentale va se sortir de cette souricière théologique, en sacralisant l’idée profane du Mieux et du Meilleur. 

Il y a un paradoxe théologique dans le fait que les théories de la prédestination (en particulier les théories protestantes, luthériennes ou calvinistes) développent en même temps un idéal de liberté. Après avoir souligné que le sociologue Max Weber lui-même avait conscience de ce paradoxe, Pierre de La Coste frappe un grand coup : « L’homme est toujours capable de se persuader qu’il est l’instrument de la volonté divine. Sa liberté est la volonté toute puissante de Dieu ». Les calvinistes, qui croient que Dieu de toute éternité a prédestiné l’homme au bien ou au mal, vont faire de cette nécessité divine le plus puissant moteur de l’histoire. Certes cette nécessité se laïcisera. Les luthériens du XIXème siècle, après Hegel, l’appelleront Histoire avec une majuscule. Les Français athées, lecteurs de Victor Hugo, parleront du Progrès. Qu’est-ce que l’Histoire ? Qu’est-ce que le Progrès ? Une nécessité extérieure à l’homme qui divinise son action.

Aujourd’hui ces idoles sont tombées. La pénurie de pétrole se profile à l’horizon de deux générations. Comme dit ironiquement le physicien Etienne Klein, « le progrès, c’était mieux avant ». Reste tout de même l’utopie du transhumanisme : l’homme prolongeant indéfiniment sa vie, grâce à des organes artificiels. Le corps peut-il devenir éternel à force de rustines ? Et qui aura droit à ce genre de prolongations ? 

Pierre de La Coste n’a pas de limite : il s’intéresse aussi à Internet qu’il rapproche de la noosphère chère à Teilhard de Chardin. N’est-ce pas l’une des voies par lesquelles pourrait nous parvenir ce « supplément d’âme » cher à Bergson ? Si le corps de l’homme se met à défier le temps, il faut bien que l’âme, elle aussi, s’agrandisse. Mais d’une certaine façon c’est ce qui se passe quoi qu’en pensent les pessimistes : « Le champ dans lequel s’exerce notre liberté s’est accru démesurément ». « En se laïcisant, note l’auteur, le christianisme a conquis le monde le remplissant de son tumulte intérieur. La déflagration de son mystère initial a façonné la Planète ». Quel est ce tumulte ? C’est l’immanence du divin dans l’humain, de quelque façon qu’elle se réalise. Le mystère initial, celui du Christ Fils de Dieu, s’étend à chaque homme, désireux de devenir Dieu. Jusqu’au XXème siècle, c’était le Progrès qui se chargeait de cette opération. Aujourd’hui le Progrès a fait la preuve de ses ambiguïtés insoutenables, il apparaît comme aussi bon que mauvais. C’est sans doute encore un moyen d’améliorer notre vie, mais personne ne le prend plus pour un moyen de salut. Le salut est d’un autre ordre : Pierre de La Coste n’hésite pas à vendre la mèche, pour ma plus grande joie : « Trois siècles de modernité ont tragiquement validé l’ironique pari de Pascal ». La victoire du Bien n’est pas pour ce monde-ci.

Abbé G. de Tanoüarn
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Pierre de La Coste, Apocalypse du Progrès, «éd. Perspectives libres 2014 258 pp. 22 euros

samedi 12 juillet 2014

Mgr Dagens nous adjure de croire que l'Evangile c'est... ce qui ne marche pas

Je voudrais simplement citer la fin de l'article de Mgr Dagens dans La Croix du 8 juillet. Elle est extrêmement inquiétante dans sa perspective évangélisto-doloriste obligatoire. C'est pour le souligner que je me permets de le citer assez longuement : notre académicien explique qu'il est plus parfait pour un diocèse de ne pas avoir de séminaristes plutôt que d'en avoir.
Soyons plus clairs, au risque d’être quelque peu simplistes ! Il y a là deux conceptions de l’Église, et peut-être deux formes de représentation de Dieu. Ou bien l’Église est un système de pouvoirs dont il faut assurer l’efficacité, et l’on mettra l’Esprit Saint, sans le dire, au service de ces projets de rentabilité spirituelle et pastorale, en se satisfaisant des résultats obtenus et des chiffres encourageants, en comparant les riches et les pauvres, et alors malheur aux pauvres, aux diocèses sans séminaristes ! Et Dieu, dans cet ensemble très construit, devient un principe d’ordre supérieur, le promoteur suprême d'un système qui marche et qui s’impose par ses réussites visibles.
Je continue la citation avec la deuxième conception de l'Eglise, celle à laquelle manifestement se rattache Mgr Dagens :
 Ou bien l’Église est le Corps du Christ, toujours blessé, mais vivant, et vivant de la charité du Christ qu’elle reçoit comme un don et qu’elle manifeste en paroles et en gestes ! Et, dans ce Corps du Christ, nous, les évêques, nous apprenons à être non pas des chefs triomphants, mais des veilleurs et aussi des lutteurs, oui, des lutteurs pour que rien n’empêche la charité du Christ d’être l’âme de l’Église, dans toutes ses activités et ses missions. Et le Dieu dont nous sommes les témoins désarmés et passionnés est Celui qui ne cesse pas de se donner et d’envoyer son Fils Jésus dans le monde « non pas pour le juger, mais pour le sauver » (Jean 3,16).
Voici enfin le Credo mystique de l'évêque sans séminariste et fier de l'être d'ailleurs, d'autant que - disons-le tout de même - il vient - divine surprise - de "rencontrer trois jeunes hommes" qui se posent la question de la vocation :
Au risque d’aggraver notre cas, faut-il redire alors que nous nous référons à Jésus Christ non pas comme à une valeur à défendre, comme on défend des produits financiers, mais comme à une personne que nous n’en finissons jamais de connaître et d’aimer ? Alors « la joie de l’Évangile » n’est pas un vain mot. C’est une belle expérience et je souhaite que des hommes qui veulent aujourd’hui suivre le Christ en fondant leur vie sur Lui connaissent dès maintenant cette joie, que personne ne peut nous enlever.
Mgr Dagens aggrave son cas ? Non pas en disant qu'il aime Jésus-Christ comme une personne. On serait forcément un peu étonné du contraire puisqu'il est évêque. Ce qui est inquiétant c'est la dialectique qu'il instaure entre... Lui, qui aime Jésus Christ comme une personne et ceux qui ne sont pas comme Lui, qui, eux, n'aggravent pas leur cas et qui, donc, si l'on suit le mouvement de la pensée épiscopale, n'aiment pas Jésus-Christ comme une personne. Qu'est-ce qui est vraiment grave ? Il appartient à l'évêque de désigner ces "autres", il les désigne d'ailleurs dans son article de La Croix, comme ceux qui "obtiennent une rentabilité spirituelle et pastorale", qui ont des séminaristes, alors que le diocèse d'Angoulême "n'en a pas depuis plusieurs années".  Mais "eux" en ont parce qu'ils cherchent la rentabilité. Lui n'en a pas parce qu'il est "un témoin passionné et désarmé"

Sur un mode mineur et même funèbre, le mode du syndic de faillite, cette rhétorique de l'exclusion rappelle les pires heures de la guerres civile entre catholiques qui a si péniblement marqué l'après concile. Apparemment Mgr Dagens n'est pas guéri d'avoir à désigner des adversaires, et à stigmatiser ses frères et ses fils, qui sont catholiques comme lui, mais juste un peu plus efficaces que lui pour leur... plus grand tort.

Quant à moi, j'en reste sur tout cela à la brutalité de l'Evangile : "C'est à leurs fruits que vous les connaîtrez". Le discernement spirituel n'est pas toujours facile, mais malheur à ceux qui ne portent pas de fruits. Malheur à ceux qui se veulent stérile par perfectionnisme. Jésus maudit le figuier qui ne porte pas de fruits. Et pourtant note l'Evangéliste, "ce n'était pas la saison des figues". Que veut dire Jésus à travers cette parabole ? Les figuiers, c'est nous, évêques ou sans grades, prêtres ou laïcs, qu'importe. Nous ne sommes pas des saisonniers de Dieu et c'est en toute saison, jusque dans l'obscurité de ce monde matérialisé qu'il nous faut non pas nous glorifier de notre stérilité mais prendre les moyens qui nous permettront, chacun à notre place, de porter notre fruit.

vendredi 11 juillet 2014

Qu'est-ce qu'un Di spi ?

On parle beaucoup en ce moment de "direction spirituelle" sous un autre vocable, plus acceptable, plus "humaniste", plus démocratique, plus égalitaire, celui d'accompagnement. J'ai toujours été extrêmement sceptique sur la possibilité, sur la réalité de la direction spirituelle. Le terme fait peur. Comment installer quelqu'un jusque dans votre conscience pour diriger à votre place ? C'est impossible. La conscience, avec le dictamen rationis qui en représente l'exécuteur ultime, est à proprement parler indépassable en chacun. De ce point de vue le terme d'accompagnateur est certainement plus juste, mais je crains qu'il soit aussi plus hypocrite. Accompagnateur ou Führer ? Ou Conducatore ou Duce : un guide disons en français courant. En voyant tous ces directeurs spirituels qui ont tant de mal à se diriger eux-mêmes et qui sont comme "ces aveugles conduisant d'autres aveugles" dont parle l'Evangile, je dois dire que je suis sceptique. Je suis sceptique aussi quant à mon expérience personnelle, comme dirigé et comme directeur.


Et pourtant il existe de nobles exemples, le Curé d'Ars, Padre Pio... Il existe des prêtres renommés dans l'accomplissement de cet exercice, l'abbé de Saint Cyran qui succéda à saint François de Sales pour diriger Mère Angélique Arnauld et les moniales de Port-Royal, l'abbé Huvelin, qui avait converti Charles de Foucauld et que le jeune Charles Maurras eut mandat d'aller voir, ce qu'il fit avec moins de succès que son illustre devancier, Monseigneur Charles, qui, par ce moyen groupa autour de lui une pléiade de jeunes prêtres qui représenta l'avenir du diocèse de Paris, monseigneur Guérin, qui créa la Fraternité Saint Martin, d'autres encore... Je pense à l'archimandrite Tikhon, qui passe pour le directeur spirituel de Vladimir Poutine... Sainte Thérèse d'Avila disait paraît-il du directeur spirituel : choisissez-le entre mille. Sa tâche n'est donc certainement pas facile, mais quelle est-elle ? Il y a les convertisseurs (le Père Marziac) et les gestionnaires (la grande majorité d'entre eux), les confidents et les évangélisateurs. Il importe avant tout de trouver chaussure à son pied. Un Pascal n'hésita pas à écrire dans son Mémorial : "Obéissance à Dieu et à mon directeur".

Qu'apporte le directeur spirituel ? Deux choses à mon avis : un contact paternel avec la loi du Christ, qui ne doit jamais rester purement abstraite ou générale si on veut savoir l'observer ; une invitation résolue à telle ou telle décision que l'on n'aurait pas prise (ou que l'on aurait mal prise) sans la confiance qu'il installe en nous.

Je crois que le premier point est fondamental : comment observer la loi du Christ ? Que puis-je faire en tant que chrétien ? Comment puis-je intérioriser cette loi, la faire mienne ? Il s'agit non seulement de ce que la Loi m'interdit, mais peut-être surtout de ce qu'elle commande, à chacun selon ses ressources. La première qualité du directeur est le jugement des hommes. Il doit savoir à qui il peut demander quoi. Ce contact paternel avec la loi me semble constitutif du christianisme religion d'amour, antilégaliste. La loi de liberté, qui nous commande d'être parfait comme le Père céleste, ne peut être prescrite en vérité que d'homme à homme, par la médiation de l'Eglise.

Quant au deuxième point, cette invitation au choix (ou cette exhortation à aimer nos choix), elle n'est possible que dans un subtile mélange, que je me suis entendu conseiller récemment. Pour faire des choix efficaces, il ne faut jamais douter de soi (car douter de soi, c'est douter du Dieu qui nous a mené jusque au point où nous sommes et qui ne nous abandonnera jamais) et en même temps il faut être capable de se remettre en question, de remettre en cause telle de ses orientations. Ne pas douter de soi et se remettre sans cesse en question : seule une bonne direction spirituelle, c'est-à-dire une vraie discussion, un vrai contact peut permettre d'allier ces deux opposés qui vont si bien ensemble.

lundi 7 juillet 2014

Quel humanisme ?

Notre ami anonyme, grincheux et grinçant, a pourtant parlé d'or. Je cite à nouveau son texte sur l'humanisme qui mérite une analyse approfondie :
"Le Christ est l'humaniste par excellence : avec la femme adultère par exemple, et tant d'autres.... il a relevé les pêcheurs, les a rétablis dans leur humanité, pardonnés qu'ils étaient : nous sommes tous des pardonnés en puissance".
L'humanisme chrétien consiste à dire, comme je l'ai souligné dans le post précédent que nous sommes tous des pardonnés. Non pas en puissance mais en acte. Il nous faut chacun accepter d'entrer dans ce pardon pour devenir ce que nous sommes. Mais comment entrer dans le pardon si nous ne reconnaissons pas nos fautes. Attention ! Les fautes que nous avons commises d'abord. L'état de péché dans lequel nous sommes ensuite, ce que nous appelons e péché originel, cette incapacité à faire le bien, c'est-à-dire à aimer purement. L'humanisme chrétien vers lequel nous emmène notre contradicteur est cet humanisme du péché et de la grâce... A la bonne heure. Je crois vraiment qu'il n'y en a pas d'autres.

Mais qui dit "humanisme du péché et de la grâce" dit humanisme qui ne repose pas sur une idée générale que l'on peut se faire de l'homme, mais sur une vue singulière portant sur chaque être humain, celle qu'a Jésus du haut de cette Croix d'où il attire tout à lui. En ce sens, Pascal fait dire au Christ dans Le Mystère de Jésus : "J'ai versé telle goutte de sang pour toi".

J'ai beaucoup réfléchi à l'idée d'humanisme intégral développée par Jacques Maritain. Je crois vraiment que la faille que l'on découvre dans le raisonnement du grand néothomiste français, proposant le catholicisme comme un humanisme, c'est que l'Eglise catholique déteste, a toujours détesté et détestera toujours les idées générales. L'idée de l'humanisme, reposant sur une certaine idée de l'homme, n'est pas chrétienne, car, pour nous chrétiens, chacun réalise "l'idée de l'homme" à sa manière, parfaitement singulière, unique, incommensurable - immense ou monstrueuse. Parce qu'il pèse chaque instant de vie comme un instant d'éternité, dans une sorte d'existentialisme eschatologique, le christianisme n'est pas tant un humanisme intégral qu'un personnalisme intégral. C'est chaque personne qui vaut devant le Christ, qui vaut le sang du Christ... et pas je ne sais quelle idée de l'homme.

Voilà, me semble-t-il, le grand apport de Pic de la Mirandole dans son De dignate hominis : souligner qu'il n'y a pas d'idée de l'homme qui suffise à définir un être humain. L'homme est ce qu'il se fait. Devant Dieu, il est ses oeuvres et surtout il est sa foi. Ou son antifoi, qui est encore une foi.

dimanche 6 juillet 2014

Le Christ, cet humaniste

L'un de nos amis internaute, dont notre webmestre a relevé à juste titre par ailleurs l'humeur grincheuse ou grinçante, nous en offre une belle sur laquelle il faudra méditer. La voilà :
"Le Christ est l'humaniste par excellence : avec la femme adultère par exemple, et tant d'autres.... il a relevé les pêcheurs, les a rétablis dans leur humanité, pardonnés qu'ils étaient : nous sommes tous des pardonnés en puissance". 
Où notre ami montre, sans le vouloir qu'il est plus chrétien qu'humaniste, au moins par ses références. - La femme adultère dont il fait mention ? - C'est l'Evangile pur ! -"Nous sommes tous des pardonnés en puissance" ? - C'est bien essayé. Je dirais plutôt : nous sommes tous des pardonnés en acte. C'est peut-être dans cette mention "en puissance" que se glisse le fléau de l'humanisme, comme si tous et chacun nous n'avions pas besoin du pardon de Dieu... La petite Thérèse expliquait très sérieusement que Jésus lui avait plus pardonné qu'à Marie Madeleine la prostituée, parce qu'il l'avait empêché de pécher, sachant bien que si elle avait péché elle ne se serait pas relevée. Casuistique d'une sainte ? C'est bon à méditer ce pardon par provision. Nous en sommes tous là : si nous avons peu à nous faire pardonner, c'est que, comme sainte Thérèse, nous sommes des protégés du Ciel.

Mais revenons à l'humanisme ? Qu'est-ce que c'est ? Le Christ est-il vraiment un humaniste ?...

J'aurais envie de dire : si le Christ avait été un humaniste, il ne serait pas venu et il nous aurait laissé nous débrouiller nous-mêmes, convaincu que l'homme trouverait au fond de lui les ressources qui lui auraient permis de parvenir à la Justice. C'est justement parce que le Christ n'est pas un humaniste ("Il sait ce qu'il y a dans l'homme et il n'a pas besoin qu'on lui rende témoignage de l'homme" comme dit l'évangéliste saint Jean au chapitre 2 de son Evangile), qu'il nous propose un salut qui ne vient pas de nous-même.

Mais en même temps - je donne ici raison à notre ami grincheux et grinçant - il y a une indulgence du Christ pour les hommes qui pourrait presque passer pour une faiblesse. Dieu a pour nous en Jésus-Christ comme une faiblesse. le texte évangélique qui le dit le mieux et qui le dit de façon presque polémique est la parabole de l'intendant d'iniquité, que nous lirons cet été si nous pratiquons ce rite que le Vatican a proclamé extraordinaire. L'intendant sait que nous sommes des débiteurs insolvables et il divise nos dettes par deux :"Tu devais cent mesures de blé, prends ton billet : écrit 50". Cet intendant n'est pas très bien vu. Des rumeurs courent selon lesquels il serait laxiste et "dilapiderait l'argent de son maître". Le Maître (Dieu donc) semble au départ se mettre du côté de ceux qui le blâme : "Rends compte de ta gestion". Mais à la fin de la parabole, il est convaincu par ces méthodes de gestion peu orthodoxes : "Le maître loua l'intendant d'iniquité". Dieu, en quelque sorte, se rend à Jésus-Christ, le grand intendant de son Royaume. Il accepte son indulgence comme le moins mauvais moyen pour convertir les débiteurs et les pécheurs que nous sommes. Attention ! L'intendant ne remet jamais entièrement nos dettes. Il ne fait pas ce qu'ont fait bêtement les pays développés avec certains nouveaux pays africains. Si nos dettes étaient entièrement remises, nous continuerions à faire n'importe quoi avec nos dons et nos talents. Il faut payer. Mais il faut payer ce que nous pouvons payer, le Christ a déjà "payé cher", comme dit saint Paul.

Cette indulgence de Dieu - je suis désolé de le dire à notre ami grincheux et grinçant - mais si elle a souvent été mal comprise ( ne serait-ce que par ceux qui ont été dénoncer au Maître son intendant), il faut bien reconnaître qu'elle n'a rien à voir avec l'humanisme, puisqu'elle part de la misère de l'homme pour affirmer la miséricorde de Dieu.

Je ne parle pas de l'humanisme du XVIème siècle : les humanistes comme Erasme sont tellement chrétiens qu'ils ne prennent pas leur déclaration d'humanisme au sérieux. Leur humanisme ? C'est le triomphe de la philologie comme dit Eugène Garin... C'est tout. Et la philologie servira à fournir de belles et bonnes traductions de la Bible. Erasme lui-même avait traduit avec une grande précision le Nouveau Testament (l'Ancien lui résistait car il ne connaissait pas l'hébreu). Cajétan s'est servi souventes fois de cette traduction "humaniste" du NT.

Non ! Le problème de l'humanisme commence avec la philosophie des Lumières, que Kant, écrivant à son couchant, résume en ces deux mots, Sapere aude ! Ose penser. L'homme est-il vraiment capable de tout penser par lui-même, de découvrir par lui-même le secret ou le sens de la Vie ? C'est ce que le Serpent expliqua à Eve au pied de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Nous chrétiens nous savons bien qu'il n'y a pas de science de la vie, que rationnellement nous ne pouvons pas savoir quel est le bien et quel est le mal et que la seule science de la Vie, ce n'est pas notre raison qui nous la donne, c'est l'Evangile.

Dans cette perspective l'humanisme apparaît tout bonnement comme le contraire de l'Evangile. Je préciserai les choses dans un très prochain post.