vendredi 4 décembre 2015

France, ta laïcité fout le camp, suite [par Rudy]

[par Rudy] Dans la série «n’importe quoi» voilà Nathalie Kosciusko-Morizet qui propose (sans le dire) de revenir sur la loi de 1905 de séparation de l’Etat et des Cultes. Tout bonnement, elle propose que l’Etat lève un impôt sur les musulmans pratiquants (1% du chiffre d’affaire du halal - qu'elle perçoit comme un "produit culturel") et qu’avec cet argent l’Etat finance un islam qui lui convienne. Je répète, tellement c'est énorme: Kosciusko-Morizet veut que l'Etat se charge de lever l'impôt musulman - à charge pour lui de financer ensuite un islam devenu de fait officiel.

Sur le sujet, elle n'est pas la seule à débloquer. Depuis 40 ans les autorités -qu'elles soient politiques éducatives ou médiatiques- ne savent pas bien sur quel pied danser face à l'islam. Il y a ceux qui veulent faire sympa et répètent comme pour s'en convaincre que l'islam est une religion de paix. Il y a ceux qui décident que l'islam 'doit' évoluer, sans expliquer de quelle nature est ce 'devoir', ni pourquoi cette évolution irait forcément dans le sens qu'ils désirent - qui est celui d'un humanisme républicain, vaguement orientalisant.

Il y a ceux qui choisissent quelques musulmans à leur goût, et les instituent "représentants" de leur coreligionnaires. Il y a ceux qui décrètent que "le vrai islam" ne demande ni ceci ni cela, et tranchent de leur seule autorité des débats que animent depuis des siècles la théologie musulmane... et se feraient bien grands inquisiteurs pour imposer à tous ce "vrai islam".

Il y a aussi ceux qui donnent des coups de mentons, se fâchent de croiser sur les plages des femmes trop peu découvertes, et proposent d'interdire jusqu'au simple fichu. La réalité, c'est aussi que les seconds sont souvent les premiers - avec un simple décalage dans le temps. L'islam comme variable d'ajustement du discours politique.... ou comme relance des ventes des news magazines.

La période actuelle est peu propice à l’intelligence, avec la sidération depuis les attaques du 13 novembre, et à deux jours d’une élection qui s’annonce comme un coup de pied dans les urnes pour les vieux partis. Cependant, il n’est obligatoire ni de devenir idiot, ni de penser par automatismes.

8 commentaires:

  1. à vous lire, il semblerait que tous ceux qui ne pensent pas comme vous ne puissent prétendre à l'intelligence... je vous avoue que cette disqualification "postulatoire" ne facilite ni l'échange ni le débat. Mais il est vrai que les Tradis donnent souvent l'impression de n'aimer le débat que pour amener l'autre à partager leur avis, qu'ils considèrent non comme un avis, mais comme la vérité révélée : j'envie toujours ces certitudes. Pourtant, le jugement, la condamnation, l'anathème ne relèvent pas des systèmes de réflexion ou de pensée, juste des réflexes et peut-être un peu de sentiments peu élevés de supériorité, voire de mépris ?
    Pour ma part, je pense que présenter l’Islam comme une religion de paix est habile : cela permet de constater tous les jours l'inverse, cela décrédibilise donc les médias, cela démontre aussi, mutatis mutandi, qu'une religion peut être qualifiée, mais que le comportement des hommes peut la disqualifier... C'est valable aussi pour nous, catholiques, non ?...

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  2. Antoine, vous m’avez mal lu. Ce que je reproche par exemple à Kosciusko-Morizet ce n’est pas de penser ceci ou cela, c’est au contraire de ne pas penser. Ne serait-ce que parce qu’elle part du postulat manifestement faux que les musulmans ne peuvent, par eux-mêmes, financer leurs œuvres et leurs mosquées : Leurs fidèles font au contraire un très bon accueil à toutes leurs quêtes organisées en marge et en vue du culte. Devant chaque mosquée nouvellement ouverte (et pour cause) on quête pour celle qui sera contruite un peu plus loin, etc.

    Vous reprochez aux «Tradis», au-delà de ma propre personne, d’être fermés au débat, animés d’anathèmes, de supériorité, de mépris, etc. Pas plus, pas moins que les autres, que les progressistes, que les conservateurs, que les athées, etc. La particularité des tradis, dans les débats, c’est plutôt de n’y pas être invités. Mais là n’était pas mon propos.

    Je répète que la présence musulmane en France me semble être une variable d’ajustement du discours politique mainstream (en gros, celui des Valls et des Sarkozy), selon qu’il pense attirer cet électorat ou plutôt profiter d’un certain rejet. Au fond oui, il y a une certaine intelligence là-dedans (celle que vous illustrez par le machiavélisme qui commanderait de ne nommer l’islam ‘religion de paix’ que par anti-phrase), mais ce n’est pas celle qui nous permettra d’avancer.

    J’ajoute, mais c’est hors-sujet, que ces jours-ci une partie des musulmans français (traditionnellement acquis au PS) vivt mal certaine perquisitions qui lui semblent avoir pour seul but de leur ‘mettre la pression’, et que je crois bien que ça laissera des traces, électoralement. Il n’est pas impossible qu’écœurés par la droite et par la gauche, certains n’aillent pas au FN (paradoxalement) dans les années qui viennent? Non pas par intégration, mais par rejet des deux précités.

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  3. A la lecture des sages réflexions de Rudy, je ne peux m’empêcher d’évoquer la hiérarchie des biens divins, telle que la concevait Platon - biens divins auxquels le législateur doit soumettre les biens humains - et qui identifie . l’Intellect au Bien suprême. Indépendamment de toute considération morale, un simple regard sur le monde d’aujourd’hui nous fait voir que ce Bien a presque partout disparu de notre paysage humain.

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  4. Pour moi, il me semble que l ´islam n´est pas une « religion de paix », car leurs doctrines prêchent la mort à tous ce qui ne son pas islamiques., mais « infidèles », disent-ils.
    La France se trompe avec eux... et payera trop cher à cause de cet aveuglement.
    Vous en doutez ? Attendez un peu plus et vous verrez...

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  5. Cher Rudy,

    Vous avez d'abord le mérite de la fidélité à vous-même, ce n'est pas si courant.Dans un billet datant de quelques années, vous vous en preniez à la manière dont François Fillon définissait de l'extérieur l'orthodoxie musulmane. On ne peut pas dire que ça se soit beaucoup amélioré depuis. Les politiciens ont gardé ce réflexe, ils ont même été récemment rejoints par le pape qui, s'autorisant sans doute de l'esprit d'Assise et de se rendre de temps à autre à la mosquée pour embrasser le Coran, exige des musulmans qu'ils se démarquent des terroristes ou de Daech. Les musulmans n'apprécient pas que des "mécréants" ou des non musulmans leur dictent la conduite à tenir en matière de religion. Cette infantilisation sous promesse de "pas d'amalgame" et dictée par le sentiment de supériorité des pédagogues autoproclamés des "Lumières" intellectuelles des "races supérieures" au "devoir [civilisateur]" (visez Léon Blum), nourrit légitimement le sentiment d'islamophobie de nos élites et des autorités politiques et médiatiques éprouvé par nos concitoyens musulmans.

    Au lieu de dire ce qu'elle tolère de l'islam au nom de l'ordre public, la République se demande si l'islam est soluble dans la République. Voulant ramener l'islam aux "valeurs" et aux "vertus républicaines", elle se permet d'expulser de France des imans dont le tort serait de ne pas prêcher en français ou de tenir des propos qui iraient contre l'orthodoxie républicaine. Elle pourrait s'opposer à ce que des imans soit mandatés par des puissances étrangères pour avoir pinion sur rue dans des mosquées de France. Mais comme elle est à vendre à la découpe aux monarchies du golfe, elle ne veut pas leur interdire d'ouvrir des mosquées et préfère exiger que les prédications soient prononcées en français pour ne pas se donner la peine d'envoyer des agents de renseignement arabophones, à supposer qu'il soit licite que des agents de renseignement aillent surveiller des lieux de culte.

    Elle organise l'islam en cooptant pour partie les membres du cfcm et en accréditant parmi les membres élus de cette institution crée sur (et à sa) mesure ceux dont le discours édulcoré lui semble compatible avec elle-même. Elle ne croit pas assez en la maturité des musulmans de France pour leur proposer de former un concistoire.

    La République est très chatouilleuse sur la laïcité. Jamais elle ne demande pourquoi l'islamo-marxiste du premier FLN n'a pu être tellement marxiste qu'il ait dû s'inféoder à l'islam qui, s'il n'impose pas la charia dans toutes les sociétés dont il est la religion dominante, contrairement au fantasme occcidental, interdit du moins à tout membre d'une société musulmane de se dire athée. La République négocie des traités d'amitié avec l'Algérie et préfère vendre des armes à l'Arabie sahoudite plutôt qu'à la Russie, elle soutient l'Allemagne dans sa volonté de renouer les négociations pour que la Turquie intègre l'Union Européenne, mais jamais elle ne demande à ces trois pays, l'Algérie, l'Arabie sahoudite et la turquie, sinon l'égalité et la sécurité confessionnelle pour les non musulmans, du moins la tolérance pour les chrétiens et leur culte.

    La République ne se souvient pas non plus comment, ancienne puissance coloniale, elle a intégré l'islam dans des pays où elle ne pouvait pas en faire abstraction. Elle ne rappelle pas que des partisans de l'Algérie française comme Jean-Marie le Pen militaient pour une intégration à part égale, avec liberté migratoire et confessionnelle dans les deux sens, des Français musulmans et des Français d'origine européenne.

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  6. (Suite)

    La République enfin, qui ne se définit pas comme un régime politique, mais en désignant son ennemi, ne survit que de s'en être trouvé deux: l'islam radical et le Front national. Ces deux ennemis sont pourtant en guerre l'un contre l'autre, et la République ne prétend négocier un compromis avec aucun d'entre eux. C'est un peu comme en Sirie, où elle exclut que l'ordre soit rétabli et prétend combattre simultanément Bachar el-assad et Daech en prenant fait et cause pour une opposition modérée dont la partie la plus visible serait une branche d'al-Qaïda qui serait devenue fréquentable comme le Hamas en Palestine. On pourrait croire que cette inimitié républicaine contre ces deux pôles de radicalité islamiste et nationaliste date des attentats spectaculaires du 13 novembre qui n'ont pas fait plus de morts que ceux de Madrid et n'ont eu pour effet que de changer la majorité politique espagnole, ou DE la percée récente et prévisible du front national aux élections régionales, qui n'a pas fait plus de voix, bien que ce ne soit pas vrai proportionnellement au pourcentage des abstentionnistes et donc AU NOMBRE des votants. L'agitation comme "variable[s] d'ajustement du discours politique" de ces deux épouvantails que sont le Front national et l'islamisme, voire l'islam, n'a pas changé de nature, elle n'a fait que s'intensifier parce que la crise de la république est telle que son gouvernement ne tient plus qu'à ce fil, d'exciter verbalement les citoyens contre ces deux ennemis plus forts qu'elle.

    "La République", c'est "SOS racisme". Or le coup de génie d'"SOS racisme" comme l'a FAIT REMARQUER Philippe de Villiers est d'avoir dit dans un lapsus révélateur dans l'intitulé même de son association qu'il fallait Sauver le racisme. "Sauver le racisme et le Front national pour que nous puissions nous agiter contre ces deux ennemis à la fois, tout en pouvant si l'étranger devient tropincontrôlable nous élever contre l'islam en nous parant de toutes les vertus républicaines DE l'amour de l'étranger, notre inassimilable semblable. Sauvez le racisme, le Front national et l'islamisme ou l'islam, à bas le fanatisme et vive nous, qui en sommes les régulateurs et, pour prix de cette régulation de salut public, devons, ce n'est que justice, terroriser médiatiquement, judiciairement et financièrement nos ennemis!"

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  7. Merci Julien de vos encouragements et de votre analyse. Je ne reviens ici que pour vous donner un exemple de ce que vous nommez très justement la définition depuis l'extérieur de l'islam. C'est cette fois un Président de Tribunal Correctionnel qui s'y colle. L'accusé est un lycéen qui s'est laissé aller à des tweets déplorables (deux ans fermes, tout de même! ça rigole plus). Je cite Le Point: "le jeune homme... confirme penser que le jihad est, "oui, quelque part" un des piliers de l'islam, ce qui est faux, lui rappelle le président." Voila donc un magistrat qui "sait" quel est le véritable contenu de l'islam, et voila un magazine qui l'appuie, par le choix du verbe "rappeler". Le Point aurait très bien pu écrire "ce qui est faux, estime le président", sauf que Le Point a choisit de plussoyer.

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  8. Cher Rudy,

    Nous n'allons pas passer notre temps à nous congratuler, ça manquerait d'élégance.

    "Le point" ignore donc que le djihad est un des piliers de l'islam; Mais que dire de Juppé qui n'a pas lu le Coran et qui, comme Fillon qui définit en toute impudence l'islam de l'extérieur de cette religion, sait distinguer le vrai du faux islam.

    Ce qui me donne envie de parler de Juppé est que ce cheval de retour fait se pâmer bien des chrétiens d'une droite avouable et passe-partout, à l'idée qu'il reviendrait mettre la société dans la rue par ses manières cassantes. S'il se contentait de réformer à coup de trique ou de n'avoir pas lu le Coran! Mais il a jeté à bas les piliers de la civilisation chrétienne et je pèse mes mots. Il l'a fait le jour où il a ordonné que soient défoncées à coups de hache les portes de l'église Saint-Bernard, qui servait de refuge à des immigrés clandestins. Il a violé ce que l'église avait de plus sacré, au point que Saint-Augustin croyait devoir se justifier que l'opinion romaine la juge comme un élément exogène à l'empire romain et un rempart percé contre les barbares: elle était le lieu du droit d'asile. Ce n'était pas l'Empire qui exerçait le droit d'asile, c'était l'églisequi devait appliquer ce devoir sacré. Interdit à un représentant de l'autorité civile de le violer comme aujourd'hui encore à un homme en armes d'entrer dans une église.

    Alain Juppé, ce grand démocrate chrétien, a baffoué ce droit sacré en défonçant à coup de hache les portes d'un édifice, gardien du devoir sacré de l'asile au Nom de Dieu auquel ce bâtiment est dédié. Alain Juppé, qui n'a pas lu le Coran, a donc sapé les fondements les plus anciens de la civilisation chrétienne: la justification de l'emprise de l'Eglise de Rome sur l'Empire romain selon Saint Augustin. Et c'est cet homme-là qui passe pour être en mesure de redresser la France aux yeux des catholiques, d'autant plus séduits et rassurés que Juppé fait attelage ou tandem avec son binôme Bayrou, "l'âne rouge" en Béarnais, dont les catholiques ont oublié qu'à la mort de Jean-Paul II, il s'était élevé au nom de la laïcité contre le fait que la République ait mis son drapeau en berne. Accessoirement, car dans un ordre plus temporel, il avait aussi opté pour que Mario Monti, l'artisan de la première mouture de la directive qui ouvre le droit aux travailleurs détachés de casser les salaires dans notre pays, soit nommé Président de la Commission européenne.

    François Fillon qui jouait l'arbitre des élégances de l'islam, François Bayrou, l'idiot utile de Juppé qui, tout en n'ayant pas lu le Coran, a baffoué la civilisation chrétienne en défonçant à coups de hache les portes d'une église, nous sont présentés par les médias gérontophiles comme les étoiles montantes de notre avenir politique proche. Mais que dire de Manuel Valls pour qui les partisans de "La manif pour tous" n'avaient pas de mots assez durs et dont plus aucun d'eux ne réclament désormais la démission? Que ces quelques faits mis bout à bout par quelqu'un qui n'est pas "Charlie bedaud" fassent réfléchir nos amis métablogueurs et ceux qui les visitent! Sans compter qu'avec François Hollande, nous sommes censés avoir à l'intérieur la politique sécuritaire du front national avec une guerre extérieure dans les foyers les plus incendiaires du monde, et sans "contrarier le flux des réfugiés" par "la fermeture des frontières" qui devrait s'appliquer à tous à leur exception, supposé que parmi eux, se glissent quelques terroristes qui pourraient entretenir le cercle vertueux de l'embrasement.

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